Critiques

Solipsisme

Labyrinthologie

  • Folivora Records
  • 2023
  • 33 minutes
7,5

En 2022, ce quintette, mené par le chanteur-guitariste-claviériste François Lemieux (Milanku), nous avait présenté un bon EP homonyme de trois chansons passablement dans les vapes. Dans le cadre du Taverne Tour présenté l’hiver dernier, l’auteur de ces lignes a pu approfondir ce que propose Solipsisme. Le groupe offrait alors un concert en compagnie d’un excellent trio — zouz, pour ne pas le nommer —.

En fait, Solipsisme est l’un des rares ensembles aux accents psychédéliques bien de chez nous à arborer fièrement les influences de la formation The Brian Jonestown Massacre. En concert, les longues introductions mettent habilement la table à des chansons étonnamment déflagrantes.

Voilà donc leur premier long format en bonne et due forme. Intitulé Labyrinthologie, la création réunit huit chansons qui évoquent, bien sûr, le véhicule sonore menée par Anton Newcombe. Or, Solipsisme bonifie cet ascendant d’influences « madchester »; un populaire mouvement musical qui a sévi en Angleterre à la fin des années 80. Certains mélomanes attentifs pourraient même y déceler des sonorités évoquant les Stone Roses ou encore Inspiral Carpets.

Ce voyage en contrées « cannabisantes » démarre avec deux pièces représentatives de ce qui est affirmé au paragraphe précédent. En lieux béants remémore les vocalises d’Ian Brown et la guitare en introduction de Paréidolie rappelle le BJM du milieu des années 90. Après une pièce instrumentale qui nous plonge dans un état méditatif, le groupe enchaîne avec une chanson-hommage à l’univers éclaté du cinéaste Alejandro Jodorowski. Dans Le ciel est en exil, les claviers orchestraux sont tout simplement magnifiques.

Après un autre morceau instrumental et dynamique titré Je ne sais pas si je dors, Solipsisme revient avec Almanac qui met de l’avant la voix suave de Paige Dipiazza-Barlow du tandem MIELS; l’un des meilleurs morceaux de ce Labyrinthologie. Le périple s’achève avec Le lac des sages et Soleil sinistre / Fleurs déesses; pièce conclusive qui confirme l’indéniable dextérité qui habite les cinq instrumentistes de la formation.

Sur Labyrinthologie, Solipsisme misent beaucoup plus sur des atmosphères « flottantes » que sur l’efficacité chansonnière pour captiver l’auditeur, ce qui est loin d’être une bévue. En fait, si cette première offrande n’obtient pas une meilleure approbation de notre part, c’est en raison de la réalisation quelque peu conservatrice qui empêche les chansons de prendre réellement leur envol. Ce léger impair n’est pas que le monopole de la formation, tant s’en faut. Il pourrait s’appliquer à plusieurs productions québécoises…

Et si le groupe devait modifier l’approche rythmique quelque peu linéaire de ses chansons, on pourrait assister à l’avènement d’un véritable joyau de rock lysergique « made in Québec ». Cela dit, avec Labyrinthologie, Solipsisme se positionne sans aucun doute comme une pièce importante sur l’échiquier du psychédélisme québécois.

Une belle histoire à suivre.

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