Critiques

Ry Cooder - The Prodigal Son

Ry Cooder

The Prodigal Son

  • Fantasy Records
  • 2018
  • 55 minutes
8
Le meilleur de lca

Après la sortie du disque Election Special  en 2012, l’auteur-compositeur-interprète et guitariste de renom Ry Cooder a fait paraître à la mi-mai son 16e album studio, The Prodigal Son. Ce dernier marque un retour à l’americana et des racines plus blues et gospel.

Les deux albums précédents du guitariste, Pull Up Some Dust and Sit Down (2011) et Election Special (2012), contenaient des chansons engagées très proches de la tradition des « protest songs » américaines. Elles étaient teintées de l’air du temps, avec des propos qui racontaient les espoirs post-2e mandat de Barack Obama ou qui dénonçaient les banquiers et le Parti républicain. Lors de la sortie d’Election Special, plusieurs critiques lui ont d’ailleurs reproché ses paroles qui manquaient de subtilité. On les accusait d’être revanchardes et de répéter des évidences de personne de gauche. Malgré l’excellence de la musique toujours constante chez Cooder, les critiques avaient alors été mitigées.

On aurait pu croire que Ry Cooder aurait continué dans cette direction avec cet album qui sort en pleine présidence Trump. Après tout, il y aurait matière à dénoncer l’état du monde avec ce président unique dans l’histoire des États-Unis.

Or, il n’en est rien.

Certaines chansons de l’album restent un peu dans cette lignée. Gentrification et Everybody Ought to Treat a Stranger Right parlent de pauvreté sous les angles de l’embourgeoisement et de l’immigration. Cependant, la plupart des pièces de l’album rendent bien l’esprit du titre très biblique, avec sa référence à la parabole du « fils prodigue ». Elles contiennent des références claires à Dieu et aux thèmes associés de la chrétienté. Dans You Must Unload, par exemple, il parle de l’hypocrisie de certains croyants par rapport à l’argent et au pouvoir. Nobody’s Fault but Mine est sur la prière et l’intériorité qui peut en découler. L’hommage à Woody Guntrie passe lui aussi par une référence religieuse, avec son titre Jesus and Woody.

Comme on peut s’y attendre par ces paroles, l’album est donc plus gospel et blues que folk. Il y a des touches plus rock avec l’utilisation judicieuse des percussions et des synthétiseurs. Le fils de Cooder, Joachim, est percussionniste et coréalisateur de l’album, ce qui explique sans doute le soin apporté aux arrangements riches des percussions. Ceux-ci mettent bien en valeur le jeu de guitare subtil de Ry Cooder. La musique et la profondeur des réflexions aident à apprécier cet album d’une grande qualité, avec un thème qui peut sembler rébarbatif pour plusieurs. Malgré la grande présence religieuse, on n’est pas dans le prosélytisme ici, plutôt dans le questionnement et le dialogue.

 

 

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