Critiques

Poppy

I Disagree

  • Sumerian Records
  • 2020
  • 35 minutes
6

2020 vient tout juste de commencer et déjà, le nü-metal qui dominait les ondes il y a exactement 20 ans est de retour en force et à toutes les sauces. C’est la conclusion que j’ai tiré de mes récentes écoutes des derniers albums de Ghostemane, Fever 333 ou autres Ho99o9 l’an dernier.

C’est également ce son qui domine le dernier album de Moriah Pereira, alias Poppy.

Elle sort d’où elle?

Pour bien comprendre I Disagree, il faut explorer un brin le passé tout récent de cette jeune artiste. Elle a commencé sa carrière en 2014 en postant des vidéos à l’humour pointu, surréaliste et un brin macabre sur Instagram. Elle a rapidement accumulé des tonnes de fans friands de son univers étrange tournant en dérision la culture des influenceurs. Rapidement, elle s’est tournée vers la musique, offrant tout d’abord un mélange d’électro-dance pop somme toute assez convenu qui ne reflétait pas vraiment sa personnalité en ligne. Les choses ont commencé à changer pour le mieux sur Am I a Girl?. Deuxième effort paru sur Mad Decent à l’Halloween 2018. C’est sur cet album que se retrouve l’un des premiers hybrides metal-pop de la jeune artiste multidisciplinaire, en duo avec Grimes.

Évidemment, tout ça, je ne l’ai su qu’après avoir écouté I Disagree a plusieurs reprises. Je me disais d’ailleurs que Grimes devait être un peu jalouse de Poppy, qui est pas mal plus edgy que l’ex-Montréalaise. Mais bon, elles sont visiblement de bien bonnes chummées.

Ce troisième album commence sur les chapeaux de roue avec ce qui a été mon premier contact avec son univers. Concrete est un mélange indescriptible et improbable entre Slipknot, un thème de manga, les Beach Boys, Queen et Avril Lavigne. Le tout, présenté en un peu plus de trois minutes sous la forme d’un Bohemian Rhapsody nihiliste où la protagoniste supplie l’auditeur de la couler dans le béton.

L’émoticône du bonhomme sourire avec la tête qui explose est probablement la meilleure description de ma réaction initiale. J’étais à la fois dégoûté, envoûté et intrigué par la proposition. C’était comme si Baby Metal se la jouait Mr. Bungle et ça a collé assez pour que j’y retourne plusieurs fois.

Pour ce qui est de l’album, il n’est pas aussi parfait que cette ouverture cinglée, mais le rythme est maintenu assez longtemps pour qu’on s’y plaise bien et les influences qu’on y retrouve y sont très nombreuses. La chanson-titre propose un refrain très accrocheur sur un fond musical encore très métal et bifurque sur un son industriel bien corrosif sur BLOODMONEY, qui nous rappelle le rythme soutenu de Closer de Nine Inch Nails, en évoquant vaguement le côté malsain des religions organisées.

La chanson qui suit, Anything Like Me, nous ramène à l’esprit un autre poids lourd de l’industriel grand public : Marilyn Manson. Si tu as plus de 30 ans, tu sais probablement à quelle chanson elle ressemble. La seconde moitié de l’album est moins intéressante que les cinq premières chansons. Les balades Nothing I Need et Sick of the Sun étant beaucoup moins mémorables que le reste, on perd un peu le fil. C’est clairement quand elle s’inspire des trucs plus abrasifs des années 1990 que Poppy se démarque.

Au-delà des influences, les textes sont très sombres, mais un brin juvéniles et le fait de regarder les vidéos des chansons en les écoutant décuple la qualité de l’expérience. La dame maîtrise clairement son image. Il ne lui reste qu’à perfectionner juste un peu ses chansons et on y sera!

Son prochain album va sûrement frapper encore plus fort.

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