
PONTEIX
Le Canadien errant
- Indépendant
- 2025
- 34 minutes
Mario Lepage, aka Ponteix, est un auteur-compositeur-interprète chéri dans la francophonie canadienne avec raison. Après une participation aux Francouvertes 2017, il a collaboré avec de nombreux artistes de l’ouest et des plaines canadiennes en plus de faire paraître Bastion en 2019. Il s’est inscrit comme un acteur important de son milieu, fondant notamment Homestead Records avec Étienne Fletcher et Joël Couture plus tôt cette année. Cet ancrage à son village de St-Denis a façonné sa personnalité. Habitué à résister, à surmonter les obstacles, comme seuls les gens de minorités savent le faire, Mario Lepage a fait le plus grand saut.
Il a ramassé ses pénates, mis de l’espace entre lui et ceux qu’il aime pour venir étudier aux côtés de Louis-Jean Cormier au Studio Dandurand. Le match entre les deux hommes est idéal. Tous deux connaissent la langueur d’être loin de la maison dans la folie montréalaise, tous deux partagent un amour pour la langue française et sont des bibittes de studio. Si le corps de Ponteix était dans la métropole, Le Canadien errant nous confirme ce qu’on pensait : son cœur n’a jamais quitté St-Denis, village à 20 minutes de Saskatoon. Sur l’album, il creuse les différentes facettes de l’exilé, de celui qui part au loin pour mieux revenir.
Ce n’est pas innocent que le premier simple ait été une collaboration avec Louis-Jean Cormier qui a coréalisé et coécrit l’album avec Mario Lepage. St-Denis, à la fois rue et village, maison et ailleurs, image bien des sentiments que Ponteix a exprimés par le passé. Dans une entrevue que j’ai faite avec lui il y a un an et demi, Lepage me disait que lors de son exil, certains journalistes de l’Ouest canadien ont posé la question : est-ce qu’on est encore Saskatchewanais quand on déménage à Montréal, même de manière temporaire? Et pourtant, Lepage m’expliquait que fréquemment, on lui faisait sentir qu’il n’était pas d’ici. Un sentiment qui se fait sentir dans les paroles « Étranger si près de chez moi / Je viens d’ici et de si loin à la fois ». Un sentiment que de nombreux francophones canadiens déménagés au Québec peuvent comprendre.
Si Ponteix s’est exilé pour venir gagner son pain et avancer dans son art, il y a des choses qui n’ont pas changé. Son penchant pour la collaboration est toujours très présent sur Le Canadien errant. Laurence-Anne est à ses côtés pour la groovy Partir pour revenir alors que Marco Ema est à ses côtés pour Le feeling. Il y a même la comédienne Sophie Faucher qui vient lire un texte sur L’air caniculaire.
Sinon, Ponteix démontre qu’il est en plein contrôle de sa proposition sur Le Canadien errant. On y entend ce que le projet était, mais avec une plus grande profondeur et un peu plus de rythme. Le côté planant est toujours présent, mais mieux balancé avec les moments mélodieux dynamiques. Le tout donne un mélange très efficace. La quête d’identité en terre inconnue sonne bien sous les paroles de Mario Lepage qui nous exprime ses émotions avec goût.