Critiques

Osees

Face Stabber

  • Castle Face Records
  • 2019
  • 80 minutes
9
Le meilleur de lca

Chaque année que le Grand Créateur nous amène (ouf…), John Dwyer et ses acolytes nous proposent un album en bonne et due forme. Au cours des dernières années, la discographie de la formation s’est bonifiée d’excellentes parutions : Smote Reverser (2018), Orc (2017), Mutilator Defeated at Last (2015) et Floating Coffin (2013) pour ne nommer que ceux-là. Au travers ce gigantesque boulot accompli avec son habituelle formation, Dwyer a également trouvé le temps de plonger dans le krautrock expérimental avec son projet solo Damaged Bug (Cold Hot Plumbs, Hubba Bubba). Hyperactif, vous dites ?

L’an dernier, lorsque Smote Reverser fut révélé, un virage musical s’est effectué alors que Dwyer, Hellman, Ricon et Quattrone se lançaient à corps perdu dans le heavy rock aux accents progressifs. Une création qui mettait de l’avant l’impressionnante cohésion du groupe et la virtuosité de chacun des membres du quatuor… et on voyait poindre le grand disque à l’horizon !

La semaine dernière, Oh Sees nous présentait Face Stabber, son 24e album studio. S’appuyant sur deux pièces-fleuves – Scutum & Scorpius (un dangereux « grower » d’une durée de 12 minutes) et Henchlock (21 minutes de rock progressif magnifiquement modernisé) – ce Face Stabber est le chef-d’œuvre de la carrière des Oh Sees.

C’est aussi le disque le plus mature, ambitieux et nuancé de la formation; l’un des meilleurs voyages sonores qu’on ait entendus au cours des 10 dernières années. Tous ceux qui affectionnent le rock et ses déclinaisons doivent impérativement prêter l’oreille à cette production. Au programme ? Prog, jazz-fusion, krautrock, space-rock, funk, hard rock et brûlots garage-punk se côtoient avec une consistance stupéfiante.

Et c’est la performance à couper le souffle des quatre instrumentistes, auxquels se greffent cinq autres musiciens – fertilisant ainsi l’exécution sans failles des Oh Sees – qui fait toute la différence. Orgues, synthés, field recording, mellotron, saxophones et percussions de toutes sortes viennent enrichir le son déjà touffu de ce groupe à son apogée.

Tout au long de l’écoute, le mélomane connaisseur y entendra des ascendants manifestes : Can, Kraftwerk, Suicide, King Crimson, Genesis (époque Gabriel, on s’entend !), Mahavishnu Orchestra, Ty Segall, etc., mais entre les mains de Dwyer et ses accompagnateurs, Face Stabber devient un ovni musical unique en son genre.

Évidemment, pour pleinement apprécier cette œuvre, il faut prendre le temps de s’ouvrir une « p’tite frette » et écouter… très attentivement. Face Stabber dure 80 minutes et demande un certain effort d’écoute, mais si vous persistez, vous ne pourrez qu’être absolument ébahis par ce tour de force.

Il faut prêter l’oreille à cette sorte de « hard funk » intitulée The Experimenter, à cette valse aux accents jazz fusion titré Fu Xi, à cet intermède punk-garage nommé Gholü, à ce surf rock menaçant, S.S. Luker’s Mom, ainsi qu’à l’imparable riff introductif dans Together Tomorrow, pour prendre entièrement conscience que Oh Sees est actuellement le plus important « jam band » de la planète.

22 ans après la naissance du groupe, le quatuor atteint des sommets créatifs inégalés.

Ces jours-ci, il fait bon être un inconditionnel de John Dwyer !

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