Critiques

Mort Rose

Au revoir cowboys

  • Bonbonbon
  • 2021
  • 35 minutes
7

Formé en 2016 par Alexandre Archambault, Christophe-Charest Latif, Julien Comptour et Mark Cool, Mort Rose avait lancé en janvier 2020 un premier album aux allures « pop-psyché-yéyé » intitulé Nés pour aimer. Un disque qui, disons-le, manquait un peu de personnalité.

Un an et quelques poussières plus tard, le quatuor est de retour avec un nouveau long format sur lequel on assiste à un virage à 180 degrés. Si le look et la musique de la formation empruntaient à la British Invasion des années 60, cette fois-ci, le rock psychédélique crasseux à la Neil Young & Crazy Horse et l’approche mélodique informe à la Kurt Vile sont les dominantes de cette deuxième offrande.

Or, en troquant l’esthétique pop-rock adopté sur le premier effort pour un son plus « souillé », Mort Rose crédibilise son approche. Au revoir cowboys est un périple lysergique qui ne délaisse pas complètement son aura pop. Les claviers dissonants et narcotiques cohabitent magnifiquement bien avec les guitares « fuzzées/buzzées » et l’ensemble est bonifié par l’apport intermittent d’un saxophone, d’une clarinette et d’un banjo. Toujours mixés à l’arrière-plan, ces ajouts confèrent une certaine étrangeté aux chansons.

De plus, le voyage est ponctué de ce qu’on peut qualifier de deux courts intermèdes. L’un est quelconque (Boulibou), mais l’excellent Pète un badtrick est une réussite. On salue également l’entrée en matière titrée La crise qui met superbement la table à cette nouvelle création.

Mais la pièce de résistance de ce disque est sans contredit la sublime On part au soleil. Après un faux départ, la formation redémarre la chanson en s’enfonçant dans un quasi-hommage à la musique de Neil Young and Crazy Horse. Ça grafigne et c’est juste assez « croche » pour plaire à l’auteur de ces lignes. Money est également un moment fort d’Au revoir cowboys. Ancré dans le rock psyché des années 60, le groupe incorpore des influences orientales — on croit déceler un sitar —, beatlesques et rock garage, et ce, dans un parfait équilibre. Le changement de rythme un peu farfelu en conclusion fait même sourire.

Cela dit, Mort Rose réserve ses moins bons moments en fin de parcours, mis à part Tombé (ouch) qui ferme le rideau en apesanteur. Woofy Tommy le chien humoriste et La loi du lynx sont moins percutantes forçant ainsi notre esprit à plonger dans l’anticipation ou la rumination…

Plus sombre, plus introspectif, plus urgent et moins « réalisé », Au revoir cowboys est un pas significatif vers la respectabilité. Un choix difficile à concrétiser et à assumer, car pratiquer le métier de musicien avec créativité et intégrité, dans le contexte actuel, est un acte de foi qui ne garantit absolument pas le succès commercial, tant s’en faut. Avec un resserrement compositionnel et des chansons un peu plus palpitantes, Mort Rose pourrait frapper un grand coup sur son prochain album.

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