Critiques

Milanku

À l’aube

  • Folivora Records
  • 2023
  • 39 minutes
8
Le meilleur de lca

L’emblématique formation Milanku a gagné le respect de plusieurs mélomanes avides de post-rock ces dernières années. Et le quintette récolte sensiblement le même accueil hors de ses terres. En 2013 et 2016 respectivement, le groupe a même tourné au Japon et en Europe.

En 2018, le groupe nous avait présenté l’excellent Monument du non-être & mouvement du non-vivant; un long format qui avait obtenu le sceau d’approbation de notre respecté collègue, Bruno Coulombe. Trois ans auparavant, la formation nous avait offert un autre joyau intitulé De Fragments. Le son de Milanku est souvent comparé à une sorte d’alliage entre les atmosphères aériennes, minutieusement érigées, de Godspeed You! Black Emperor et la brutalité de Neurosis.

Cette fois-ci, le groupe nous présente un nouvel opus titré simplement À l’aube; une création évoquant un réveil aussi brutal que mélancolique après une nuit apocalyptique. En fait, ce disque pourrait très bien devenir la trame sonore d’un monde dévasté à jamais dont l’existence tient à quelques survivants…

La méthode de travail préconisé par le groupe pour la gestation de cet album est demeurée à peu de choses près la même. Après avoir composé la musique, ce sont les textes, fortement influencés par les trames sonores, qui ont pris forme. À l’aube est constitué de cinq pièces indissociables les unes des autres tant les atmosphères sont similaires. Mais le friand de post-rock saura déceler les subtiles variations entre les morceaux.

À l’aube; De leurs silences démarre l’album comme toute bonne pièce de post-rock se doit de le faire. Après une longue introduction aérienne en crescendo, la tempête sonore déferle grâce aux guitares rugueuses et à la voix « hardcore ». Une chanson conçue dans les règles de l’art !

Ensuite, c’est cette magnifique guitare arpégée qui met la table à l’instrumental À l’aube; il sera déjà trop tard. Un roulement martial de caisse claire fait son apparition menant à un crescendo remémorant, par moments, la formation écossaise Mogwai. Or, le morceau hautement frémissant de ce nouvel album est sans contredit À l’aube; Prêchent la mauvaise nouvelle. Contrairement aux chansons susmentionnées, celle-ci attaque de front l’auditeur, distorsion et voix s’unissant pour nous plonger dans une superbe agression sonore.

Le quatrième morceau, lui, est instrumental. On peut y déceler une superposition de claviers et de larsens de guitares qui, assemblés, forment un drone inquiétant. On y entend même quelques voix trafiquées en conclusion. La dernière pièce intitulée À l’aube; nous sommes disparus met à l’avant-plan la voix angélique d’Erika Angell de la formation Thus Owls. Le martèlement rythmique en milieu de parcours nous a quelque peu remémoré la formation Swans.

À l’aube contient très peu de surprises sonores, mais demeure d’une pertinence à toute épreuve. De prime abord, coup de chapeau à la réalisation nette et limpide qui bonifie grandement la puissance et l’immatérialité des chansons de Milanku. Lourd, mélancolique et dantesque, À l’aube dépeint à la perfection l’atmosphère inquiétante qu’on peut tous ressentir ces jours-ci, plus particulièrement celle qui prévaut depuis l’avènement de la pandémie de COVID-19.

Ce joyau du post-rock québécois mériterait un bien meilleur rayonnement chez lui, mais nul n’est prophète en son pays.

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