Critiques

superpower 2020

Lifafa

SUPERPOWER 2020 सुपरपॉवर २०२०

  • Radio Saraswati
  • 2021
  • 48 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Il y a trois semaines environ paraissait par surprise sur Bandcamp le troisième album de Lifafa. Le musicien indien, né Suryakant Sawhney avait frappé fort avec l’excellent Jaago en 2019. Celui-ci lui a même permis de faire beaucoup de tournées à l’international. Avec l’album venait une note comme quoi l’album resterait sur Bandcamp pour trois semaines et que la moitié des profits iraient à des organismes qui aident à combattre la COVID. Il ajoute aussi ceci :

Nous vivons une des plus grandes expériences jamais tentées dans l’histoire de l’humanité. Il n’y a jamais eu autant que nous avons été obligés d’endurer en si peu de temps. Où nous mène cette marche, c’est impossible à savoir, mais pour le moment, nous en faisons partie et cet album n’est pas à propos d’un pays, mais d’une expérience qui s’appelle l’Inde et de son peuple.
[…]
J’ai eu beaucoup de difficultés à terminer cet album, pour des raisons techniques et personnelles, mais j’espère que vous entendrez ce que j’entends quand vous l’écouterez et que vous irez là où il veut bien vous emmener.

Lifafa a peut-être la mine plus basse que lorsqu’il a attaqué Jaago et c’est ce qui explique le ton franchement différent de Superpower 2020. Il reste bien sûr encore des trames pour se dégourdir les jambes comme Mandir, une collaboration avec Hashback Hashish où sa voix réverbère à travers une trame de musique dansante avec une base de trance, mais complètement glitchée. Comme toujours quand Lifafa se lance en terrain obscur et ça fonctionne. On retrouve le ton si chéri de Jaago avec Wahin Ka Wahin où les percussions s’assurent de nous rappeler qu’il est temps de bouger. Sur celle-ci, la voix de Lifafa porte déjà un petit quelque chose de mélancolique qui ne nous abandonnera pas de l’album.

Bewafa Hai Ghadi est probablement le climax mélodique alors que Lifafa chante en compagnie d’un instrument à vent qui ressemble à de l’accordéon, mais qui n’en est pas. Les longues notes parfois un peu dissonantes sont magnifiques, encore une fois, alors qu’on entend clairement le souffle de l’instrument qui ponctue la trame. Même son de cloche sur Ache Din où il se fait aérien et presque psychédélique.

Mais ces incursions dans un monde plus éthéré ne font tout de même pas la loi. Il reste beaucoup de moments où le rythme est roi et la mélodie reine. Mann Ki Batt nous ensorcelle avec son air efficace et Irradon donne envie d’aller courir un petit jogging. Cependant, il reste un peu plus d’expérimentations sur Superpower 2020 que sur Jaago. Un goût de l’aventure qui est le bienvenu et qui nous prouve à quel point Lifafa cherche lorsqu’il crée. Cette curiosité, nous en profitons pleinement à l’écoute de l’album.

Encore une fois, Lifafa nous offre un album impressionnant qui nous transporte ailleurs avec son métissage de sonorités, ses mélodies efficaces et son audace. Quel artiste incroyable qui nous glisse de l’expérimentation en douce dans notre musique comme un comprimé de Tylenol écrasé dans de la confiture.

Liens d’écoutes : BandcampSpotifyApple Music

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