Critiques

Jason Collett

Head Full Of Wonder

  • Arts & Crafts
  • 2022
  • 33 minutes
7

Ce membre du collectif Broken Social Scene a toujours tracé sa propre trajectoire en toute discrétion. Dans ce monde où l’extraversion règne sans aucun partage, la retenue et la sobriété sont trop souvent, et injustement, associées à la misanthropie. Et c’est le rayonnement assez confidentiel de Jason Collett qui en fait les frais. Dommage, car cet auteur-compositeur « indie folk rock » est talentueux.  

En 2012, il nous présentait ce qui constitue encore aujourd’hui son meilleur long format. Reckon est un album résolument folk, mais bonifié par de somptueux arrangements. En 2016, il nous présentait Song and Dance Man; disque où l’esthétique soft rock radiophonique dominait. Or, cette proposition ne se distanciait pas assez de certains de ses pairs comme Dan Bejar (Destroyer) ou encore Matthew E. White.

L’année dernière, après que la maison de disques Arts & Crafts ait lancé une compilation de ses meilleures chansons, Collett s’est mis à la tâche afin de nous présenter un nouvel album. Enregistré au studio torontois All Day Coconut, voilà que le vétéran nous offre Head Full Of Wonder. Réalisé par Marcus Paquin, l’artiste est accompagné par le batteur Liam O’Neill (Suuns), le guitariste Joe Grass (Patrick Watson, Marie-Pierre Arthur) et le bassiste Mike O’Brien (Zeus).

Si les créations précédentes du chansonnier étaient campées dans une mélancolie assumée, cette fois-ci, le Canadien cherche à se distancier de sa grisaille habituelle pour emprunter un sentier plus lumineux. Même si des pièces comme l’introductive Dark Times et Hot Mess nous rappellent que l’aspect ténébreux des chansons de Collett ne se cache jamais bien loin, ce Head Full Of Wonder est résolument ensoleillé. Après tous ces événements qui ont rongé notre insouciance collective (pandémie, assassinat de George Floyd, possible retour en force de Donald Trump, etc.), Collett a cru bon nous offrir un peu d’air frais, sans perdre sa lucidité habituelle.

Dans Everyday Sunflower, l’auteur s’est inspiré d’un texte du mythique poète beatnik états-unien Allen Ginsberg. Une chanson qui nous ramène aux éléments de la nature qui, si on leur porte vraiment toute notre attention, peuvent apaiser nos tourments quotidiens.

Everyday Sunflower

Feeding a bird, a seed or two

Come the midnight hour

Raining two blazes and a moon

– Everyday Sunflower

Or, quand Collett replonge dans ses préférences spleenétiques, il nous émeut jusqu’à la moelle. Des pièces comme Closer To The Truth, Come On Sun et Just Before The Rain sont de véritables pourvoyeuses de frissons. Les harmonies vocales radieuses dans la conclusive Sweet Water Sea sont réussies. La simplicité volontaire exprimée par Collett dans Milk & Honey est charmante. Une seule ombre au tableau : Have Some Fun est plombé par une joie de vivre un peu trop appuyée.

Si vous voulez découvrir ou redécouvrir, un auteur-compositeur canadien mésestimé, on vous conseille de prêter l’oreille à ce nouvel album de Jason Collett. Sans atteindre les standards émotionnels de Reckon, le Torontois nous offre à nouveau un joli bouquet de chansons.

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