Critiques

Gros Soleil

2038

  • Indica Records
  • 2023
  • 33 minutes
7

En 2020, le quatuor rock Gros Soleil nous présentait une première offrande intitulée Occulture Populaire, un opus assez bourratif qui a sustenté les amateurs de rock bien gras. Sur cette galette, le groupe en avait conquis plusieurs grâce à l’indéniable qualité de ses riffs aussi accrocheurs que puissants.

Les frères Dominic (voix, guitare) et Frédéric Lamoureux (batterie) sont donc de retour en compagnie de Christian Boileau (basse) et Sébastien Boucher (guitare) pour nous proposer une autre aventure assumée en territoire rock. Voici 2038, un long format réalisé conjointement par Steeven Chouinard (Le Couleur, Sheenah Ko, Jimmy Hunt) et le chanteur-guitariste Dominic Lamoureux.

Dès la première pièce intitulée Le Chicot — morceau de bravoure qui s’amorce avec un lent fondu laissant poindre un riff béton —, on se retrouve immédiatement en territoire connu. On assiste sensiblement au même modus operandi avec No Name (l’homme libre), qui elle, met de l’avant un refrain plus captivant.

C’est avec Montagne bleu que le groupe nous dévoile de nouvelles couleurs. Les amateurs de hard rock des décennies 70 et 80, qui ont flirté avec des groupes québécois comme Corbeau ou Offenbach, seront à leur aise à l’écoute de cette chanson. L’instrumentale Flambant Mort (tome 1) est une virée dans le rock psychédélique « à la Pink Floyd », tout en conservant ce son simple, mais percutant, qui définit assez bien Gros Soleil. Le quatuor évoque même la formation canadienne Black Mountain avec la pièce-titre; le riff « sabbathien » à la mi-parcours de cette pièce est tout simplement jouissif.

Cela dit, l’énergie déployée en début de parcours s’étiole avec Jamais le temps et Ça se passe chez vous. Dans la première, Lamoureux y va d’une rime un peu simpliste sur cette possible fin du monde à nos portes :

Quand tout le monde vit dans son téléphone

C’est la chute de Babylone

– Jamais le temps

Dans la deuxième, c’est l’influence manifeste de Tom Petty and the Heartbreakers, époque Damn the Torpedos (1979), qui fait surface. Si cet ascendant est assez intéressant à entendre, la qualité compositionnelle de cette chanson, elle, est quelconque. Idem pour Banff, dont le texte semble avoir été quelque peu bâclé.

Mis à part ces impairs, Gros Soleil est un groupe qui mise principalement sur la qualité de ses riffs pour séduire l’amateur de rock. De ce côté-là, rien à redire. Coup de chapeau également à la réalisation du tandem Lamoureux-Chouinard qui n’amenuise en rien la force de frappe des chansons.

En fait, n’eût été ces trois petits faux pas que sont Jamais le temps, Ça se passe chez vous et Banff, 2038 aurait obtenu une meilleure appréciation de notre part. Cela dit, c’est encore une fois le florilège de bons riffs qui permettra à Gros Soleil de conquérir le rockeur, surtout celui qui n’a qu’une seule envie : passer un bon moment avec un groupe qui ne se casse pas le ciboulot.

Du rock joué dans les règles de l’art.

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