Critiques

Foreign Diplomats

Monami

  • Indica Records
  • 2019
  • 44 minutes
7,5

Suite à la sortie de cette belle entrée en matière qu’est Princess Flash en 2015, voilà que Foreign Diplomats reviennent avec un album qui déborde d’énergie et d’assurance, impression qui démontre la chimie et l’enthousiasme d’un groupe qui a bien travaillé sur la structure du rythme et des textures pour concevoir Monami

C’est un album écrit, composé et joué par des gars dans la vingtaine, pour un public dans la vingtaine. Les mélodies invitent à faire les fous tout en portant attention à ce qui passe quand on grandit, en se rappelant d’avoir les pieds sur terre même quand on rêve. Quant à eux, les textes parlent d’amour et de passions impulsives. Ce prodigieux ensemble accentue l’envie de prendre le large à notre tour en conduisant des heures vers une destination à déterminer en chemin. Cette réalisation a une portée significative sur celui qui se trouve au début des plus grandes décisions à prendre dans sa vie et l’idée se maintient à merveille du début à la fin en passant par des chansons comme Frilu.

The queen’s playing the hits 

We don’t control the sounds we make 

We don’t control how we move 

It’s an out of body experience

Frilu 

On dit déterminer en chemin, car c’est un peu ça l’essence de l’album. Pour une des rares fois où l’on peut dire qu’une pochette d’album donne en quelque sorte l’heure juste d’un album, on ne peut s’empêcher de le prendre en considération. Le rapport qui existe entre l’incertitude du voyage et deux jeunes enfants qui font de la corde à danser est frappant, surtout en sachant qu’ils n’ont pas de yeux. On sent que ce qui s’y dégage, c’est l’idée de sauter à pied joint dans l’inconnu, de foncer vers l’avant, parfois aveuglés par l’amour ou par tout autre chose avec la peur de vieillir, l’innocence de la jeunesse au volant de nos inhibitions, sachant qu’à tout moment, on peut s’accrocher dans la corde et tomber.

On sent une évolution positive d’un jeune groupe qui prend des décisions musicales bien réfléchies. L’implication et l’expérience du producteur Jace Lasek a visiblement porté ses fruits à ce niveau, alors qu’on y sent plus de professionnalisme et de charisme que dans leur premier opus. C’est vrai, cet album épuré et bien texturé porte en lui des côtés moins bien polies que d’autres. L’équilibre qui existe dans les crescendos et dans les decrescendos des transitions et une belle variation des tonalités vient cependant jouer en faveur du groupe sur toute la ligne. 

L’album qui regorge d’un trop plein d’énergie aurait sans doute eu besoin d’une autre chanson comme How Cool Is That? dans la première moitié pour conserver cette équilibre, mais il y a quelque chose d’apaisant qui se retrouve même dans la tempête des percussions, des guitares vacillantes et des notes de claviers qui font submerger plusieurs époques. 

Le lyrisme poétique se fait ressentir et le groupe aura bien le temps dans le futur d’en rehausser ses saveurs. Ceci étant dit, ça amène extrêment de légèreté à l’album. Il existe un parfait mélange entre la fraîche brise estivale entendu dans Adopted Hometown et dans Tender Night et une grande chaleur enveloppante dans You Decide (The Return of) et Amafula

Tout compte fait, Monami de Foreign Diplomats prend son espace, c’est un album qui respire et on le ressent à merveille lorsqu’Élie Raymond, dans Road Wage, chante à tue-tête «I need some air to fill my lungs».  Le groupe peint de haut en bas un portrait pop rock anglo montréalais qui, tout comme Half Moon Run et The Franklin Electric l’ont fait avant eux, est très mélodieux, léger et rêveur. C’est un album qui s’écoute avec attention et sourire jusqu’aux oreilles dans un roadtrip de longue durée, donnant au passage l’énergie pour se lancer sur son erre d’aller. Reste maintenant à savoir s’ils seront en mesure de maintenir la cadence. En attendant, on peut savourer un album qui s’écoute et se réécoute à profusion.