Critiques

Darkside

Spiral

  • Matador Records
  • 2021
  • 52 minutes
8
Le meilleur de lca

Le duo formé du musicien électro d’origine chilienne, Nicolás Jaar, et du guitariste/multi-instrumentiste né à Brooklyn, Dave Harrington, est de retour après huit années d’absence. En 2013, Darkside nous avait proposé l’élégant Psychic ; une création marquée par un travail percussif accentué, basé sur des boucles électroniques, qui se mariait à merveille avec les motifs de guitares discrètes, mais ô combien efficaces, de Harrington.

Les deux se sont connus lorsqu’ils étudiaient la littérature comparée à l’université. D’autre part, Harrington faisait partie du groupe qui accompagnait Jaar en concert lors de la tournée de l’album Space Is Only Noise ; un disque admiratif du compositeur et pianiste français Erik Satie, un précurseur de la musique répétitive.

La genèse de ce nouveau long format remonte à 2018 alors que les deux complices se sont réunis dans une maison du New Jersey afin d’ériger les bases chansonnières de ce Spiral. Pandémie oblige, Jaar et Harrington ont dû achever les travaux à distance au cours des dix-huit derniers mois.

Au sujet de sa relation avec Harrington, Jaar déclarait ceci au magazine Les Inrocks : « Il se passe avec ce groupe quelque chose que nous serions incapables de faire chacun de notre côté. Darkside est la troisième entité dans la pièce quand nous sommes ensemble. Darkside est originellement un projet de jams. Quelque chose qu’on fait dans nos temps libres. Nous l’avons réactivé parce qu’on ne pouvait plus attendre de jouer ensemble ».

Cette résurrection sonore est assurément l’une des bonnes choses à survenir dans cette année musicale en cours. On renoue bien sûr avec les arrangements aériens, la voix apaisante de Jaar et les guitares « blues rock » de Harrington, mais le tandem insuffle à son modus operandi des ascendants psychédéliques plus prononcés.

En phase préparatoire de cette critique, votre dévoué rédacteur s’est replongé dans Psychic pour constater que cette création était un peu moins aventureuse que le dernier effort du duo. Les assises de Spiral sont certes électroniques, mais l’apport « analogique » de Harrington fait osciller les pièces de cette production entre une beauté contemplative (l’introduction de Narrow Road) et un périple hallucinogène domestiqué (I’m the Echo et Liberty Bell).

Même si la linéarité des lignes mélodiques est incontestable, celles-ci servent simplement à amplifier l’effet « marijuana » des chansons. Sur la méditative pièce-titre, la mixture de guitare acoustique et de synthés orchestraux fait frissonner jusqu’à la moelle. Le subtil crescendo dans Lawnmaker est réussi. Inside Is Out There fait penser au Radiohead de Kid A, mais en plus lumineux et « poteux ». La conclusive Only Young recèle un je-ne-sais-quoi de majestueux, malgré le rythme et les arrangements minimalistes de la proposition.

Ainsi, Spiral se démarque de son prédécesseur tout en conservant le caractère « lunaire » habituel de la musique de Darkside. Nicolás Jaar et Dave Harrington ont une relation artistique symbiotique. Rares sont les artistes en mesure de créer une musique en parfait équilibre entre modernité et tradition. Profitons-en.

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