Critiques

Vessels

The Great Distraction

  • Different Recordings
  • 2017
  • 60 minutes
7,5

Vessels est un projet anglais formé en 2005 qui ont commencé par publier un premier album plutôt rock progressif intitulé White Fields and Open Devices (2008) ainsi qu’un deuxième album plutôt post-rock nommé Helioscope (2011). On s’en doute, Vessels est apparu sur mon radar à partir de Dilate (2015), troisième album sur lequel le groupe changeait de direction pour incorporer davantage d’ingrédients analogiques et électroniques à leur fondation rock. Ils étaient de retour en septembre dernier avec The Great Distraction, un quatrième album respectant leur expérience en post-rock mélangé à des inspirations technos et house.

Mobilise ouvre sur des percussions house guidées par un kick techno, les éléments s’accumulent en suivant une boucle jusqu’à ce que le segment de clavier oscillant établisse la ligne mélodique. La rythmique se densifie pendant que la sonorité ambiante devient progressivement scintillante, irradiante; la masse s’évapore ensuite pour laisser la place à une séquence arpégée de basse analogique. Le rythme rebondissant de Deflect the Light mène à la voix du chanteur des Flaming Lips, Wayne Coyne, qui interprète les paroles derrière un effet aérien, donnant l’impression de flotter au-dessus de la structure dance rock. Position s’entame tout en textures avec une boucle rythmique riche en échantillons, avec une attention particulière à des extraits de voix joués à différentes vitesses, créant un groove très intéressant. Ça dure ainsi pendant un moment, jusqu’à ce qu’un rythme bien plus lourd et saturé fasse ressortir les éléments percussifs, évoluant en variant le niveau d’intensité de la mélodie.

Radiart commence également sur une boucle rythmique ponctuée par une impulsion dans les basses, la complexité des contretemps évolue en parallèle à la ligne mélodique, de laquelle on ressent l’effet de pompage généré par le kick fantôme. La structure techno house se renouvelle légèrement en jouant sur sa densité, mais la répétitivité de celle-ci conserve fragilement l’intérêt jusqu’à une conclusion qui ne dénoue rien. Deeper In A Sky met de l’avant la structure rythmique tout en laissant de l’espace à la voix de Katie Harkin, ajoutant une teinte à la fois délicate et sombre, proposant un équilibre entre un rythme fixé au sol et une ligne mélodique aérienne, planante. Glower ouvre d’abord sur des échantillons de voix passant en écho au-dessus d’une trame ambiante, un excellent groove électro-funk se développe autour de séquences analogiques arpégées, prenant une légère pause avant de reprendre sous une forme IDM avec un solo de synthétiseur saturé joué en legato qui mène à une finale irrésistible.

La séquence de simili-piano électrique réverbérée ouvre Trust Me en compagnie d’un charleston, avec échantillons de voix assignés au clavier et joués rythmiquement en prime. Vincent Neff (Django Django) guide la pièce à la voix de façon pop charismatique, comme un mélange très réussi de Bob Moses et Clark, rien de moins. L’oscillation analogique de Everyone Is Falling évolue progressivement en densité et en nombre de notes pour servir d’interlude, complété par une voix répétant le titre de la pièce. Radio Decay commence tout en échantillons, cachant une ligne mélodique qui se déploie à travers une structure IDM /trip hop, utilisant le rythme comme voile sonore. La partie percussive enveloppe les instruments sur plusieurs couches de respirations rythmiques, jouant avec le niveau de densité, mais sans vraiment amener la pièce plus loin. John Grant conclut à la voix sur Erase the Tape, avec un effet de vocodeur et un déploiement mélodique qui ressemble à une prière dans une chapelle; mais dynamisé par des percussions qui deviennent presque frénétiques vers la fin.

La grosse différence entre Dilate et The Great Distraction est évidemment la collaboration avec trois chanteurs et une chanteuse, proposant quatre pièces plus près de l’électro-pop que de l’atmosphérique abstrait. Les pièces instrumentales proposent des progressions rythmiques à essouffler les oreilles tellement il y a de textures et d’événements temporels à savourer, pendant que les lignes mélodiques se font plus calmes et servent de toile de fond suspendue par-dessus les structures technos et house.

MA NOTE: 7,5/10

Vessels
The Great Distraction
Different Recordings
60 minutes

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