Critiques

The Horrors

V

  • Wolf Tone Limited
  • 2017
  • 54 minutes
8
Le meilleur de lca

The Horrors est un groupe qui carbure à la prise de risque. Faris Badwan et ses collègues prennent toujours un malin plaisir à confondre leurs fans en changeant de trajectoire musicale d’une création à l’autre. Au début de leur carrière, les Anglais préconisaient une approche brute; une sorte de punk garage qui pouvait s’apparenter au son d’une formation comme The Cramps. Au fil des disques, le groupe est devenu un puissant véhicule shoegaze incorporant quelques éléments électroniques à sa mixture sonore.

En 2014, Luminous a failli être le chant du cygne pour la formation. Le virage plus assagi n’a pas obtenu les résultats grand public escomptés. Mais il ne faut jamais compter The Horrors pour battu. Ils étaient de retour vendredi dernier avec V; un disque réalisé par le très accessible Paul Epworth (U2, Adele, Florence + The Machine). De prime abord, la compatibilité entre le réalisateur et le quintette est nulle. Le penchant « expérimental » des Britanniques, combiné aux visées fédératrices d’Epworth, n’augurait rien de bon. De quelle manière la cohabitation allait-elle se concrétiser entre ces deux philosophies musicales contrastantes ?

Eh bien, à ma grande surprise, le « miracle » a eu lieu. Sur ce nouvel album, The Horrors incorpore à sa palette sonore des influences de Depeche Mode, Gary Numan, New Order, et même U2 (ça en fera sourciller plusieurs), tout en flirtant avec le son « Madchester » de la fin des années 80. Et la pertinence et la crédibilité sont intactes. Même si les guitares sont confinées à un rôle de soutien, les rythmes électroniques superbement souillonnés viennent largement compenser cet effacement.

Comme la plupart des disques conçus par The Horrors, V se déguste lentement. Cette sitedemo.cauction est bien sûr aux antipodes de notre époque et ça demandera plusieurs écoutes successives afin de bien saisir ces arrangements subtils qui, conciliés à la réalisation lustrée d’Epworth, soulèvent la musique du groupe à un niveau de puissance inégalée. Un disque qui s’écoute le volume à fond. Vraiment.

Quelques pièces sortent du lot avec brio. Hologram et ses saletés électros, la « dance-rock » Machine, la Depeche Mode sous tranquillisant intitulé Point of No Reply, le côté pop « adulte » entendu dans Gathering, l’explosive World Below et la très New Order, titré Something To Remember Me By, constituent les moments forts de cet excellent album.

V est un album pop de très grande qualité et si ce genre musical était toujours aussi magnifiquement orchestré et composé, je serais preneur beaucoup plus souvent. Encore une fois, The Horrors brouille les pistes et demandera aux purs et durs de faire preuve d’une adaptabilité certaine. En ce qui me concerne, j’admire ce groupe totalement créatif qui ne craint jamais de surprendre et qui s’amuse continuellement à sortir de sa zone de confort.

Mon disque « pop » de l’année.

Ma note: 8/10

The Horrors
V
Wolf Tone Limited
54 minutes

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