Critiques

The Black Angels

Death Song

  • Partisan Records
  • 2017
  • 48 minutes
8
Le meilleur de lca

En 2013, la formation rock psyché/space rock, The Black Angels, faisait paraître Indigo Meadows; un disque réalisé à l’époque par John Congleton, celui-là même qui fut derrière une multitude d’albums provenant de l’univers foisonnant de l’indie rock états-unien. Cette création, un peu décevante, proposait un virage consensuel prétendument plus accessible. Alors, bien sûr, j’attendais avec une brique et un fanal l’arrivée de ce Death Song, titre qui fait par ailleurs référence à un classique du Velvet Underground : The Black Angel’s Death Song.

Cette fois-ci, le groupe a remis les manettes de la console de son à Phil Ek (Father John Misty, The Walkmen, etc.). L’extrait Currency laissait poindre les plus beaux espoirs quant à ce nouveau-né des Black Angels. Eh bien, mes chers amis poteux, je vous invite à prêter l’oreille subito presto à ce Death Song, car il se hissera parmi les meilleurs albums du genre à avoir paru cette année.

Menaçant, ténébreux, salopé, à d’autres moments, carrément céleste, ce Death Song retrouve le même mordant qui prévalait sur l’album Passover (un classique de la bande à Alex Maas), mais avec l’aplomb d’un groupe mûr, en parfaite maîtrise. La formation mise sur des arrangements plus recherchés qu’à l’accoutumée et qui demanderont à l’auditeur quelques écoutes avant d’en saisir toute la portée.

Et comme toute bonne sitedemo.cauction qui se respecte, les chansons sont au rendez-vous. Composé pendant la légendaire campagne électorale américaine mettant aux prises le Donald et la Hillary, le groupe, sans verser dans une revendication politique acerbe, y va de quelques incursions en territoire « social ». Je pense ici à l’excellente Comanche Moon qui, dans son enrobage évoquant à la fois Spiritualized et 13th Floor Elevators (merci Roky Erickson), constitue une allusion franche aux manifestations amérindiennes qui ont eu lieu à Standing Rock dans le Dakota du Nord.

Parmi les réussites qui ont fait vibrer la fibre « narcotique » en moi, je pense à la grandiose et mélancolique Half Believing. Une grande chanson. Point. J’ai aussi adoré la ligne de basse hypnotique qui anime Grab As Much (As You Can), le folk rock martial titré Estimate (qui se termine en toute solennité avec un orgue clérical) ainsi que la conclusive Life Song, une sorte de space-rock beatlesque. Je souligne également le « pacing » totalement réussi de ce Death Song. Trop souvent, on a affaire à des débuts d’albums prometteurs… qui se transmutent en coït interrompu. Pas de ça ici. Finalement, je salue bien bas la réalisation tonitruante qui n’amenuise en rien le penchant décapant de certaines pièces. De la très bonne job !

Death Song est un très très bon album. Une véritable leçon de musique pour tous ces apprentis « psychédéleux » qui nous confectionnent, bon an mal an, une orgie d’albums bourrés d’effets hallucinogènes, mais qui manquent sérieusement de bonnes chansons. Le quintette arrive à combiner les deux avec une maturité qui n’enlève rien à la pertinence.

Ma note: 8/10

The Black Angels
Death Song
Partisan Records
48 minutes

http://theblackangels.com/