Mastodon
Emperor of Sand
- Warner Bros. Records
- 2017
- 51 minutes
Nul doute, Mastodon est l’un des groupes les plus importants de la décennie 2000-2010 dans le merveilleux monde du métal américain. Alors que le Nü-Metal expirait son dernier souffle, Brann Dailor, Brent Hinds, Bill Kelliher et Troy Sanders nous livraient Lifesblood, un premier EP très agressif, puis Remission, un premier véritable album que j’écoute encore régulièrement aujourd’hui. Leur musique n’avait pas son pareil. Très technique, sauvagement pesante et accrocheuse, malgré une violence omniprésente. Les pièces composées par le quatuor d’Atlanta étaient surtout très intelligentes, en fait. Quand ils sont revenus avec Leviathan en 2004, j’ai su que ce n’était pas qu’un feu de paille et que je resterais accro longtemps.
Mais bon, notre lune de miel eût tôt fait de tirer à sa fin.
Bien sûr, il y a eu Blood Mountain et Crack The Skye, deux albums qui commandent le respect malgré une signature chez Warner. Reste que petit à petit, notre relation s’est effritée. La passion des premiers jours a fait place à la routine et il n’y avait plus de surprises. Les beaux jours de Leviathan étaient de plus en plus loin derrière. Tout était devenu prévisible. Comme sur le pilote automatique. Ça a commencé avec The Hunter, album inégal contenant sa part de bons coups, mais aussi plein d’imitations ratées de Queens of the Stone Age. Ensuite, c’est l’insipide Once More Round the Sun qui a brutalement mis fin à notre relation.
Pour être honnête, j’espérais très fort que Emperor of Sand puisse raviver la flamme. Sultan’s Curse, le premier extrait était quand même chouette et le groupe a renoué avec son ancien logo qui apparaît fièrement sur la pochette fort réussie de l’album.
Tous mes espoirs se sont par contre effondrés dès que j’ai entendu la voix de Brann Dailor, ce batteur qui devrait faire comme avant et laisser Brent et Troy se partager la tâche du chant, couiner les paroles de l’insupportable Show Yourself. Cette chanson-là m’a fait le même effet qu’à l’époque où j’ai entendu Got The Life de Korn. Une ritournelle dance pop cheap déguisée en toune métal. Changez les guitares pour du clavier et la voix de Brann pour celle de Debbie Gibson et ce serait beaucoup mieux. Ce serait en tout cas moins hypocrite.
Bon, tout n’est pas aussi mauvais sur le 7e album du groupe et je me suis surpris à apprécier Precious Stones et Steambreather. Des chansons patentées pour les radios alternatives, au plus grand plaisir des cravatés de chez Warner, probablement. Mais en fait, c’est exactement ce que je reproche à Mastodon Inc. Ces gars-là seraient encore capables de nous surprendre, mais ils se contentent de faire un rock à numéro. C’est solide techniquement, mais il n’y a pas beaucoup de viande autour de l’os pour les mélomanes aguerris et ça s’essouffle très vite. Des petits échos progressifs de Crack the Skye par-ci, des solos trippants par-là, mais rien pour écrire à sa mère. C’est moins affreux que le disque précédent, mais ce n’est pas non plus le grand retour espéré. Too little, too late.
Je vous laisse, j’ai une date avec Power Trip.
Ma note: 6/10
Mastodon
Emperor of Sand
51 minutes
Reprise/Warner