Kendrick Lamar + James Blake
Damn.
- Interscope Records
- 2017
- 56 minutes
Kendrick Lamar est régulier comme l’horloge. En 2015, il faisait paraître l’excellent To Pimp A Butterfly, puis en 2016, il lançait Untitled Unmastered. Ce dernier était une collection de chansons qui n’avaient pas trouvé preneur pour l’album précédent. Douze mois plus tard, Lamar revient avec DAMN. son quatrième album en carrière. Les suspicions de nouvel opus sont nées à la fin mars après la sortie du simple The Heart Part 4, qui n’est pas sur l’album, mais qui annonçait une sortie le 7 avril. Le 7, comme promis, le vidéoclip de la chanson Humble est arrivé et elle-même annonçait la sortie de DAMN.
Sur ce nouvel album, Kendrick Lamar nous sert une bonne dose de référence christique et religieuse en général. C’est thématique avec sa sortie le Vendredi saint. DAMN. est l’album le plus « pop » de Kendrick Lamar, il possède de nombreux refrains intoxicants, des chansons plus courtes qui tournent autour des quatre minutes et une approche généralement plus facile pour le néophyte. Est-ce que c’est de moins grande qualité pour autant? Absolument pas, Lamar prouve qu’il est l’un sinon le rappeur le plus pertinent de son époque, encore une fois.
Plusieurs chansons sont très accrocheuses comme Element qui a été sitedemo.cauit en partie par <em>James Blake. On peut en dire tout autant de son duo avec Rihanna titré Loyalty avec sa trame velouté. Il nous offre même une pièce qui tire beaucoup sur le R&B avec Love, sur laquelle chante Zacari. C’est déstabilisant au premier abord. Avec les écoutes répétées, la pièce prend son sens dans l’enchaînement et ne détonne absolument pas. On est loin des pièces parfois insipides que nous envoie Drake. Malgré l’approche plus mélodieuse qui laisse de côté les moments musicaux ou les extraits de mise en contexte par rapport au concept très présent sur To Pimp A Butterfly et good kid, m.A.A.d city, Kendrick Lamar n’est pas moins impressionnant sur ce nouvel album.
« I got, I got, I got, I got
Loyalty, got royalty inside my DNA
Cocaine quarter piece, got war and peace inside my DNA
I got power, poison, pain and joy inside my DNA
I got hustle though, ambition, flow, inside my DNA
I was born like this, since one like this, immaculate conception
I transform like this, perform like this, was Yashua’s new weapon
I don’t contemplate, I meditate and off your fucking head »
— DNA.
Malgré la tangente plus facile pour les oreilles que Lamar prend sur Damn., il montre aussi l’étendue de son talent de MC avec des chansons comme DNA où les mots sortent à un rythme effréné, parfois quasi inhumain. On ne peut non plus passer sous silence l’excellent premier simple titré Humble. Ça rentre au poste et rappelle à la compétition qu’ils ne sont pas de niveau. La chanson est sans doute en réaction à Big Sean qui a lancé une pique au Californien dans les derniers mois. Une autre chanson surprenante se cache sur DAMN. : la collaboration avec U2, XXX… oui, oui U2. Il faut bien Kendrick Lamar pour rendre U2 pertinent en 2017.
Les pièces plus R&B sont toutes assez efficaces sur DAMN. La deuxième partie de XXX, Fear et la sérieusement réussie Lust. Il termine l’album sur Duckworth qui remet les pendules à zéro en nous ramenant au premier moment de Blood qui entame l’album. Avec toujours ce message : « Remember that what happens on earth stays on earth. » Il y a quelque chose d’à la fois religieux et absolument laïc à propos de DAMN.. Encore une fois, c’est le génie de Kendrick Lamar qui est le responsable pour cette habile façon de tisser un message riche et nuancé.
Vraiment, Kendrick Lamar est à son meilleur depuis deux ou trois ans. Combien de temps ça durera? Personne ne le sait, mais pour le moment, il faut en profiter, car il nous envoie avec DAMN. un autre excellent album de rap. Nous avons pourtant déjà été gâtés cette année avec Run The Jewels et Loyle Carner. Malgré tout, Kendrick Lamar ne tombe pas dans l’ombre des deux autres sorties, au contraire, il brille de mille feux.
Ma note: 8,5/10
Kendrick Lamar
DAMN.
Interscope Records
56 minutes