Frank Carter & The Rattlesnakes
Modern Ruin
- International Death Cult
- 2017
- 39 minutes
« Frank Carter a encore du fiel dans le réservoir et on est heureux de le retrouver en forme sur un album efficace aux multiples clins d’œil. Mais il faudrait que le prochain soit plus sale OK? » Voilà comment en août 2015 je concluais ma critique du retour au hardcore de Frank Carter, le rouquin ex-chanteur de Gallows, maintenant aux côtés de ses Rattlesnakes.
Moins de deux ans plus tard, il est de retour sur disque, mais c’est raté. La saleté escomptée n’est pas au rendez-vous, même celle qui faisait la marque de Blossom (2015) a été récurée. Modern Ruin n’est manifestement pas une réaffirmation puissante de la posture nihiliste de son prédécesseur, mais bien un disque de hard rock mélodique bien ficelé, avec juste ce qu’il faut d’éléments punks. Pris, comme tel, il s’agit tout de même un disque satisfaisant.
Le son de la guitare et de la basse, leur ton, mais leur présence aussi dans le mix ne laisse aucun doute sur les racines punk des Rattlesnakes. Même chose avec les textes toujours bien roulés de Carter. Et en général, le quatuor est ici en bonne forme côté composition. Sinon, Modern Ruin sonne un peu comme une compilation d’Arctic Monkeys avec en consonance principale, l’énergie de Whatever People Say I Am, That’s What I Am Not. Parce qu’à entendre Frank Carter chanter comme Alex Turner (un autre Turner), on se rend compte que ses intentions pop du temps de Pure Love sont plus enracinées en lui qu’on ne l’aurait cru. Et il faut le dire, il est devenu un chanteur incroyable : il a gagné en confiance en son chant dans lequel on sent beaucoup d’amplitude, de soul et juste ce qu’il faut de trémolo. Il faut dire que ça irrite aussi à long terme gueuler son nihilisme dans un micro. Changement obligé donc?
Bref, il faut écouter Thunder pour constater toute l’étendue de sa voix. Même si Modern Ruin ne parvient pas à combler les (hautes) attentes que j’avais placées en lui il y a près de deux ans, ce n’est pas un album ennuyant pour autant, justement pour les nouvelles prouesses vocales du bon Frank, qui est aussi un des performeurs des plus endiablés sur scène.
Lullaby, Acid Veins, Vampires, Wild Flowers et Modern Ruin, la pièce titre, la seule sur laquelle la voix de Carter grince pour la peine, sont des brûlots auxquels on veut revenir. Neon Rust, God Is My Friend et Jackals, sans être désagréables ne font tout simplement pas le poids en comparaison à l’énergie déployée par les autres morceaux ici.
Conclusion? Frank Carter n’est plus un « hardcore kid », mais il est au moins dédié à faire de bons albums. Mais la prochaine fois, ça serait le fun de ne pas avoir l’impression d’écouter du Arctic Monkeys fâché.
MA NOTE: 6/10
Frank Carter & The Rattlesnakes
Modern Ruin
International Death Cult
39 minutes