Critiques

AXLAUSTADE

AXLAUSTADE

  • La Tribu
  • 2021
  • 32 minutes
7

On a parfois tendance à mettre un peu tout le rock alternatif des années 90 dans le même chapeau, de Nirvana à Weezer en passant par les Red Hot Chili Peppers. Mais quiconque a 40 ans aujourd’hui se souvient de la riche diversité du son de l’époque, et c’est dans cet esprit qu’il faut aborder le projet AXLAUSTADE, qui lançait au début du mois un premier album basé sur l’amitié et une certaine nostalgie.

Avec son nom qui fait référence au fameux concert avorté de Guns n’ Roses au Stade olympique le 8 août 1992 (et à l’émeute qui s’ensuivit), AXLAUSTADE ne cache pas son désir d’évoquer l’époque du grunge, même si ses influences ratissent pas mal plus large que ça, avec même des éléments post-rock. À l’origine, le projet mené par Steve Dumas (Dumas), Francis Mineau (Malajube) et Jonathan Dauphinais se voulait tout simple et même un peu confidentiel. En effet, le groupe souhaitait pouvoir se rendre à Chicago pour enregistrer avec le légendaire réalisateur Steve Albini (Pixies, PJ Harvey, Nirvana) et ensuite distribuer le résultat final à ses amis.

Sauf que la pandémie est venue bousiller les plans des trois comparses, et l’album a finalement été enregistré à Montréal, sans le concours d’Albini. Le projet a toutefois pris de l’envergure, et les gars se sont finalement laissé convaincre qu’il fallait aussi en faire profiter le grand public. Le hasard (ou pas) a également fait en sorte que le disque est paru une semaine après le trentième anniversaire de la sortie de Nevermind de Nirvana, devenu symbole de toute une génération (« moi, j’ai acheté une guitare à cause de Nirvana », disait d’ailleurs Dumas au Devoir récemment).

Parce qu’il est entièrement instrumental, le premier album d’AXLAUSTADE arrive à éviter le jeu des comparaisons faciles avec l’époque qu’il cherche à recréer. Ainsi, pas de voix criarde et haut perchée à la Axl Rose ou de chant désespéré et éraillé à la Kurt Cobain. En fait, musicalement, le projet a assez peu à voir avec les Nirvana ou Alice in Chains de ce monde et s’approche davantage de l’esprit d’origine de l’indie rock made in USA. Je pense entre autres aux Pixies grâce à l’énergie et aux guitares rugueuses de la pièce-titre Axl au Stade ou sur Feu de joie. S’il y a une esthétique grunge, elle semble davantage inspirée par la première vague des groupes de Seattle comme Green River ou Mudhoney, ce qui se traduit par une approche plus brute, notamment sur les pièces Ouverture et Beethoven (Seattle bongos).

Il est même permis de se demander si ces clins d’œil (un peu forcés, mais totalement assumés) au grunge et au début des années 90 ne projettent pas une approche un peu trop simpliste d’AXLAUSTADE. Car le groupe s’abreuve à d’autres sources, entre autres au post-rock, avec un titre comme Oui no na, qui peut évoquer le Mogwai de l’époque Young Team, ou encore sur Visibleletronic, avec sa belle ligne de basse. Je sais que le groupe a préféré utiliser l’expression « grunge du futur » pour décrire sa musique, mais je trouve quand même le tout un tantinet réducteur.

Mon principal bémol avec ce premier album d’AXLAUSTADE est qu’on a parfois l’impression d’écouter des maquettes. Je ne dis pas que le groupe aurait gagné à ajouter de la voix, mais on sent que certaines idées auraient pu être menées plus loin pour éviter certaines figures répétitives, comme sur Nuages en conclusion. Pourtant, le trio montre un flair certain pour les mélodies accrocheuses, et aurait certainement pu en tirer davantage profit. Cela dit, l’accent est mis ici sur la spontanéité et le plaisir de jouer ensemble avant tout, et on n’a absolument rien contre ça.