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Pop Montréal 2019 : Les Louanges, Emilie Kahn et Methyl Ethel

Malgré la pluie et une température incertaine samedi, une panoplie de gens se sont déplacés au skatepark du Mile-End pour assister au spectacle de lancement du tout dernier EP – intitulé Expansion Pack – de Vincent Roberge et sa bande, alias Les Louanges. Plus tard, l’univers intime de La Vitrola a laissé place au spectacle d’Emilie Kahn et de Methyl Ethel. 

Il y a un heureux mélange qui s’opère dans ce plus récent Extended Play offert par le jeune homme de qui le nom se retrouve présentement sur toutes les lèvres. L’excitation se poursuit ainsi autour de ses sorties et l’émotion palpable de la foule l’aura confirmé. 

Les Louanges a joué en ordre les cinq chansons qui peuplent Expansion Pack, de quoi plaire autant à ceux qui avait pu l’écouter depuis la veille que ceux qui en faisait une première écoute. Parmi cet ensemble, figure les noms du célèbre rappeur du Bas-Canada Robert Nelson et du rappeur émergent de Montréal Marky Lavender. Ce serait mal connaître l’artiste, que de penser qu’il ne les inviterait pas à se joindre à la fête, leur présence réchauffant davantage l’atmosphère créée par le groupe.

Ce ne fut pas qu’un gros hype. Heureusement, puisque l’engouement avait atteint un haut sommet avec la sortie de la chanson Attend-moi pas en simple, il y a quelques semaines. Cette dernière figure au tout début de l’EP et au moment où elle a retenti, c’est comme si les spectateurs s’étaient tour à tour transformés en membres d’une chorale, chantant à tue-tête cette chanson qui met dans une ambiance de fou assez similaire à La nuit est une panthère. Quant à la seconde chanson, intitulée Parc Ex, on se laisse envoûter par la douceur mélancolique de la mélodie où le saxophone et la flûte bercent et où les paroles de Roberge sont dites comme s’il se confiait à nous.

On ne sait jamais à quoi s’attendre quand un événement est gratuit, mais cette fois-ci, on sentait que les déplacés formaient un tout homogène qui vibrait conjointement au son des mélodies. Du début à la fin, attentifs, les deux pieds dans l’ambiance festive, tous auront souri à pleines dents, donnant le goût aux Louanges de jouer bien plus que son EP. 

C’est vrai, les deux noms qui figurent en accompagnement sur l’album sont des rappeurs et pourtant, le style des Louanges n’en est pas pour autant différent. Au contraire, il semble creuser dans toutes les sphères de sa débordante créativité pour concevoir des productions qui allie ce même jazz-pop-r&b expérimental inspiré et bien texturé auquel on s’habitue aisément avec l’auteur-interprète. 

La présence de Robert Nelson sur Les yeux sur la balle alimente à merveille la verve parolière de Roberge et ajoute une poignante énergie à la production groovy de la chanson. Sur Drumz, où figure Lavender, la production au tempo rapide laisse beaucoup de place au chanter-parler des Louanges. C’est aussi sur cette chanson-là qu’on sent l’artiste y aller dans l’expérimentation, offrant une production qui allie certains éléments d’une production rap-trap bien réussie aux éléments classiques de la discographie des Louanges. 

La performance d’Arbois, drôle de dernière chanson figurant sur le EP, chanson où Roberge ne chante pas ni ne joue de la guitare, aura mis davantage les musiciens en valeur. On le sait tous, mais chaque fois qu’il se donne sur scène, on réalise à quel point il est bien entouré. 

Ce que l’on peut retenir de Vincent Roberge, c’est qu’il a cette facilité à connecter avec son public, comme s’il faisait ça depuis 20 ans, ce qui donne encore plus envie de connecter à notre tour avec sa musique. Son charisme et son charme sont invitants et sa musique amène une nouvelle dynamique au monde de la musique francophone. Bien heureux de savoir que ce n’est pas qu’un cheveu dans la soupe de l’industrie, mais plutôt une de ces étoffes que l’on a envie de maintenir dans la splendeur des beaux jours.

La Vitrola s’illumine aux couleurs d’Emilie Kahn et de Methyl Ethel

Pour ceux dont le nom d’Emilie Kahn n’évoque rien, il serait peut-être temps de faire ses devoirs, à commencer par l’écoute de son plus récent album Outro sorti cette année. Se démarquer avec un instrument aussi peu conventionnel et pourtant si intrigant qu’est la harpe n’est pas chose simple et la jeune auteure-interprète s’en tire plus que bien. En plus de guider ses balades avec son instrument, elle permet de bien s’immiscer dans la bulle qu’elle crée grâce à la beauté singulière de sa voix.

Je l’ai vu en spectacle plus tôt cette année, en première partie de Bahamas à la Place des Arts. De la voir une seconde fois, cette fois-ci dans un lieu qui ne présente pas la même acoustique ni le même aspect théâtral que le Théâtre Maisonneuve fut quelque peu décevant. C’est que, même si l’aspect plus intime entrait en ligne de compte, il n’en demeure pas moins que le côté plus sombre des lieux est bien moins propice à fournir cet aspect grandiose qui se greffe à la qualité musicale de Kahn. Tout de même, la poignée de gens dans la salle aura eu le droit à un beau moment avec elle et il ne serait pas étonnant de la voir percer encore davantage dans les années à venir. 

Cette même poignée de gens était heureuse de voir la bande de Methyl Ethel débarquer sur scène. La formation australienne d’indie pop menée par Jake Webb a offert une performance inspirée qui aurait sans doute été préférable de voir ailleurs. 

Étrangement, il n’y avait pas tant de monde dans la place et il manquait visiblement d’ambiance. Pourtant, avec Triage et les deux albums précédents, Methyl Ethel fournit de quoi faire déplacer. Bien que le nombre de personnes soit loin d’être l’élément le plus primordial d’une soirée, il n’en demeure pas moins que ça aurait donné un coup de pouce au groupe. Heureusement, l’épopée musicale aura laissé place à une prestation bien à la hauteur. C’est avec des mélodies qui restent en tête dans des chansons bien polies sur lesquelles Webb s’amuse tendrement à chanter qui aura le plus charmé l’auteur de ces lignes.

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