Critiques

Les Louanges

La nuit est une panthère

  • Bonsound
  • 2018
  • 37 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Vincent Roberge a toujours créé des chansons intéressantes. Le mercure, son EP paru en 2016, était bien réussi. Par contre, rien, mais rien ne nous préparait à la qualité musicale et à la richesse de La nuit est une panthère. Les Louanges arrive comme un messie après 40 jours à se promener dans le désert sans eau ni nourriture. Et puis, il le fait avec un sourire en coin, parce qu’il le sait qu’il est ton sauveur. C’est Jésus… en plus tannant et qui a un petit penchant pour l’acid-jazz.

Sur La nuit est une panthère, Les Louanges présentent des pièces de mélodieuses à mi-chemin entre le R&B et la pop inventive et rafraîchissante soutenue par des trames qui flirtent avec l’acid-jazz. On peut tirer facilement une filiation entre ce que fait Bon Iver et James Blake. De Bon Iver il a retenu l’utilisation des mélodies R&B et le traitement électro de ses pièces alors que de Blake, il a retenu les rythmiques atypiques et l’inventivité dans les breaks. La nuit est une panthère coule peut-être toute seule dans les oreilles, cet album n’a rien de paresseux ou de complaisant.

L’album co-réalisé par Vincent Roberge montre bien à quel point il sait où il s’en va. Pour s’aider, il a demandé Félix Petit (Hubert Lenoir, FELP, Van Carton) de l’aider dans son périple. Quelle bonne idée! Petit est un musicien hyper intelligent qui sait bien arranger une chanson. On le voit bien avec une pièce comme Jupiter alors que se succèdent les moments de saxophone et les solos de guitare sur une trame qui évoque les rythmes latins. C’est dansant.

C’est pas la fin du monde messemble
Même si on ’y arrive pas à ‘fin d’la s’maine
On ira faire un tour de char dans ta Tercel ‘96
Popper les chaînes de trottoir, caler les bières cheap du dep’
Se r’trouver au terrain d’baseball, claquer tout c’qui nous reste

— Tercel

Mais ce n’est encore rien à côté de Tercel, cette magnifique pièce à la mélodie efficace malgré son débit atypique et à la trame musicale tout simplement parfaite. Le travail de Jérôme Beaulieu au clavier est irréprochable et nuancé alors que la programmation de Sanhill Simpson percutante pendant que Roberge nous envoie ses paroles qui mélangent allègrement le français et l’anglais comme ça se fait sur les coins de rue de Limoilou. Le jeune homme est particulièrement bon pour nous passer son émotion à travers la voix. Disons qu’il a compris la définition de la « blue-eyed soul ».

Ça ne s’arrête pas là, Pitou malgré ses petits airs inquiétants, avec sa trame narrative à mi-chemin entre l’amoureux désespéré et le harceleur, frappe dans le mile en maudit. Son groove est infaillible. DMs a l’air de passer à la fois de dating qui achoppe autant que « lunatisme » chronique.

En voyage sur la lune, pour qu’on m’crisse la paix
J’espère que t’as du temps d’libre pour m’courir après
Pour m’courir après
Tu peux t’jeter dans mes DM’s mais man j’me connais bien
T’auras pas d’nouvelles de moi avant un temps c’est certain
Avant un temps c’est certain

— DMs

Kekaula est un bel intermède avec ses sonorités rondes alors que Westcott a un groove irrésistible pendant que la chanson-titre est d’une chaleur parfaite. S’il fallait que les lumières se tamisent pendant qu’elle joue, le taux de natalité risque d’augmenter.

C’est ce qui est le plus fâchant avec La nuit est une panthère, c’est qu’il est difficile de lui trouver des défauts. Vincent Roberge a décidé de frapper fort pour ce premier album et il ne s’est pas trompé. Il ne reste plus beaucoup de semaines avant la fin décembre, mais toujours du temps… en attendant, on a peut-être trouvé l’album de l’année.

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