Concerts

POP Montréal 2018 jour 2-3: JPEGMAFIA, Vile Creature, Strega, Fragile State

JPEGMAFIA

Je suis allé me défouler jeudi au Belmont avec JPEGMAFIA, qui a offert une performance absolument électrisante à la salle comble et bien en forme. Sa production éclectique résonnait parfaitement entre les murs de la mythique salle, et sa performance vocale ne faisait que bonifier le tout. Beaucoup plus agressif et intense qu’en studio, le rappeur de Baltimore était en feu — je suppose que c’est pourquoi il était couvert de sueur. Torse nu luisant, lumières tamisées, cris presque tribaux; honnêtement, j’avais des réminiscences Death Gripsiennes par moment. Et dans le bon sens. Même si la performance était un peu brouillonne dans la forme (il faisait jouer ses pistes à partir de sa discothèque iTunes, et il en arrêtait certaines en plein milieu pour parler au public ou passer des commentaires — que le public semblait apprécier cependant), tout finissait par coller à son esthétique je-m’en-foutiste. De toute façon, rien ne pouvait venir à bout de la puissance de sa performance, seul sur scène (ou dans le mosh pit) à se racler les cordes vocales pour son public déchaîné.

Fragile State

Hier soir, j’ai délaissé le trap pour aller me plonger dans une soirée métal à la Vitrola, où se produisaient Fragile State, Strega et Vile Creature.

Il n’y a pas grand-chose à dire de la première partie, pour la bonne et simple raison que très peu a été joué. Le concert de quinze minutes comprenait quelques pièces d’environs une minute chacune ainsi que des pauses presque aussi longues où le chanteur, agité et gêné, prenait soin de faire retomber la poussière qui n’avait pas eu le temps de s’agiter. C’était relativement bien joué, et certaines pièces étaient intéressantes (bien qu’assez sous-interprétées), mais on a eu le temps de ne rien ressentir de plus.

Strega

Strega ont offert une performance un peu plus convaincante qui balance entre le stoner/doom et le black des pièces assez longues et variées. Certaines parties plus calmes auraient eu avantage à être un peu plus dynamiques à l’interne, mais ça se tenait assez bien au bout de la ligne. Le scream de la chanteuse était très efficace; on l’entendait sporadiquement, les compositions étant plutôt instrumentales, mais sa présence n’en devenait que plus importante. Il y avait un petit manque de performance et d’interaction physique cependant, autant entre les membres qu’avec le public. La chanteuse a passé son temps dans l’assemblée, mais ça ne rassemblait ni n’entraînait le public; ça le repoussait plutôt vers le fond de la salle.

Difficile d’en dire beaucoup plus sur la performance, dans la mesure où à peu près tout pour moi était adéquat. Peut-être que la rythmique du batteur était un peu trop vacillante, mais autrement tout se tenait, sans surprendre pour autant. Un peu de raffinement au niveau de la composition ne leur nuirait pas — certaines transitions, certaines montées étaient passablement prévisibles —, mais somme toute Strega n’a pas à rougir de ce concert.

Vile Creature

Vile Creature a fermé la soirée en repoussant les seuils de la lenteur avec leur doom destructeur et instable. Leurs jeux de fluctuation de tempo procurent une pression et une lourdeur qui est intéressante, mais qui malheureusement est difficilement soutenue à longue échelle par leur instrumentation. Le groupe est constitué d’une batteure et d’un guitariste (screamers à temps perdu) ainsi que d’une chanteuse. Certaines parties étaient soutenues, un choix judicieux, par une bande-son qui procurait tantôt un récitatif, tantôt une basse profonde. Mais cette orchestration minimaliste couplée au son fade de la batterie me perdait par moments; cette musique qui doit souvent être la plus lourde possible souffre de ce manque fréquent de basses fréquences. Le groupe aurait eu avantage à intégrer un bassiste ou mieux, un Moogiste, ce qui leur aurait permis de rejoindre cette lourdeur nécessaire quand c’est désiré.

Sinon, les contrastes, autant métronomiques que dynamiques, étaient assez réussis. La chanteuse a eu quelques écarts de justesses quelque peu grinçants, et son type de chant apportant une dimension discutable au concert; malgré les belles textures à la guitare, on perdait la belle linéarité de la section rythmique. Dommage, parce que sinon c’était assez bien. Un peu décevant par rapport à mes attentes, et un peu court, mais bien.

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