Osheaga 2019 jour 3 : Childish Gambino, Tame Impala, Fouki et + encore
La troisième et dernière journée d’Osheaga aura été tout aussi variée et intéressante que les précédentes avec une véritable messe musicale qui aura perduré jusqu’à la dernière seconde avec le spectacle de clôture offert par Childish Gambino.
On ne sait pas si les artistes se sont passé le mot ou l’ont tout simplement ressenti autant que nous, mais la chaleur estivale était au cœur des discussions et de plusieurs chansons dimanche. Il faut dire que même si l’air s’est rafraîchi, chacun des spectacles a conservé cette chaleureuse ambiance d’un festival qui se termine sur une très bonne note.
La poussière était toujours au rendez-vous, mais heureusement le son sur les grandes scènes était grandement meilleur. Il faisait beau et tout était en place pour entamer le dernier tiers. Déjà !
O.G.B, Fontaines D.C, CRi et Fouki
La journée n’aurait pu être mieux entamée qu’avec la première présence du septuor québécois O.G.B. à Osheaga. Munis de leur habituelle énergie sur scène, ils ont démontré ce pour quoi leur nom se retrouve sur de plus en plus de lèvres. Même avec Franky Fade et GreenPiece en atèle, le jeune groupe qui se démarque par un son organique, des productions à la BADBADNOTGOOD et un rap accrocheur et réfléchi, n’a démontré aucun complexe en scandant dès le départ Jamais un souci (J.U.S). La Scène des Arbres était d’ailleurs le lieu prédestiné pour accueillir cette belle famille de musiciens et leurs invités qui, en plus de jouer une bonne partie de Volume Un, ont offert une setlist variée de grande qualité pour faire monter l’énergie à son maximum.
Pendant ce temps, LP Labrèche était arrivé à la première heure pour ne rien manquer du groupe irlandais Fontaines D.C. : La formation n’a pas lésiné sur les moyens, même si les membres avaient l’air un peu en lendemain de veille, à l’exception du chanteur qui se crinquait pour nous envoyer sa poésie ouvrière. Après une introduction sur le poème For What Died the Sons of Róisin de Luke Kelly, le groupe s’est lancé dans ses pièces avec Chequeless Reckless, Sha Sha Sha, The Lotts et bien plus. Un petit problème de basse au début du spectacle n’a pas empêché le groupe de frapper fort. Big et Boys in the Better Land ont rassasié l’envie des spectateurs de se faire un bon mosh pit. Un concert tout à fait réussit. Fin de la parenthèse.
Un bref passage à la Scène de l’Île pour y voir le DJ montréalais CRi s’est avéré une décision favorable pour y voir l’excellent set présenté par ce dernier. On comprend pourquoi il s’est vu décerner une nomination aux Junos pour son dernier EP. Son House inspiré ainsi que la présence de Sophia Bel et Jesse Mac Cormack auront marqué mon passage de belle façon en plus de voir la foule dansante se remplir petit à petit.
Il fallait se faufiler ou arriver bien en avance pour espérer avoir une bonne place pour y voir l’une des étoiles montantes du rap québécois, le très cher FouKi. Celui qui, même au début de la vingtaine, subit une popularité qui monte en flèche conserve son calme et son incontestable énergie. C’est d’ailleurs le genre d’artiste que tu veux voir dans ce genre de festival. Son entrée sur scène aura été marquante, avec la présence de plusieurs danseurs, tous vêtus aux couleurs de ZayZay, plus récent album du chanteur. Alors qu’O.G.B. parlait de summer heat, FouKi a pour sa part brûlé la place avec Playa, Gayé et Papillon. On aura assisté à une grande fête appréciée d’un public des plus variés qui se lavait dans le bain de foule et qui aura été gayé par la simple présence de FouKi sur scène qui avait invité Kevin Na$h pour l’occasion.
Real Estate, Rejjie Snow, Koffee, Boy Pablo et Thierra Whack
Encore sur la vibe des précédents spectacles, je me suis dirigé vers la scène verte pour y voir un des groupes bonbon du festival, le groupe d’indie rock américain Real Estate. On dit bonbon, car il est impossible de ne pas afficher un sourire sur son visage dans l’écoute de leurs mélodieuses compositions qui ferait certes leur place dans une playlist de roadtrip. Ceux qui ont vu de plus en plus de gens connaître et apprécier leur musique au cours de leur dernière tournée In Mind, ont dégagé bonheur et simplicité en y allant avec les classiques qui forgent leur réputation depuis leur premier album.
Quelques secondes de marche auront suffi pour me déplacer à la scène de la vallée et y voir l’une des grandes surprises de cette dernière journée, le rappeur irlandais Rejjie Snow. Il était nettement plus convaincant et en contrôle que lors de son dernier passage dans la métropole. Il a jonglé à merveille avec ses chansons plus rap comme 1992 et ses chansons plus pop comme Mon Amour et Egyptian Luvr. C’est vrai, qui dit pop dit montée de popularité, mais bien que son essence soit connue d’un plus large public, il n’en demeure pas moins que Snow est un rappeur de grand talent qui, avec sa prestance sur scène, a prouvé que le succès ne lui monte pas à la tête. On a pu goûter à son typique accent alors qu’il chantait des passages en français et l’idée d’utiliser sa voix enregistrée pour appuyer sa voix était bénéfique.
De retour à la Scène verte, j’ai fait la découverte d’une autre jeune artiste de l’heure, Koffee. Sa musique du monde rythmée s’écoute à peu près partout et avec le soleil plombant de fin de journée, le moment était bien choisi pour faire la fête au son de sa musique. À 19 ans et à l’aube de la sortie d’un premier disque, on l’espère, Koffee en a fait succomber plusieurs sur ce beau projet rayonnant.
Le choix était déchirant entre Boy Pablo et Tierra Whack. C’est donc LP Labrèche qui s’est dirigé à la scène de la vallée pour voir la jeune Américaine : et quel bon choix ! Tierra Whack était tout sourire et nous a servi les courtes pièces de Whack World paru en 2018. Si les chansons sont frustrantes sur album par leur courte durée et notre soif d’en entendre plus, c’est tout aussi vrai sur scène. Ce qui ajoutait un peu plus de joie dans cette cérémonie est le fait que ce sont des personnes de Montréal qui ont réalisé l’excellent court métrage qui accompagne son album. Thibaut Duverneix est donc monté sur la scène, le temps d’une ou deux chansons avec la jeune femme. Il faut aussi saluer le travail de son DJ Zach Whack qui anime bien la foule. Fin de la parenthèse.
On a eu droit à un spectacle indie-pop inspiré avec Boy Pablo et ses musiciens à la scène des arbres avant d’entamer les derniers gros noms de la programmation 2019. Au son des percussions rythmées, la foule s’est laissée délirer et au son de la mélodieuse pop de chambre de l’artiste, les spectateurs ont chanté et ont sans l’ombre d’un doute grandement apprécié la présence du jeune Norvégien qui séduit un public jeune avec son contenu musical. Malgré le plaisir euphorique au rendez-vous, il y a fort à faire pour le jeune homme s’il désire continuer sur sa lancée, car bien qu’il en séduit déjà plusieurs, son style ne se démarque pas plus qu’il ne le faut et c’est en vieillissant que l’on y verra sans doute des fruits plus mûrs pour lui offrir plus de prestance et plus de maturité. En attendant, le plaisir enfantin est toujours agréable à reconnaître.
Tame Impala et Childish Gambino
Sur mon départ dans la direction opposée, j’entendais la fin du set de Kaytranada. Félicitations à ce cher DJ et producteur d’ici, de créer une belle niche depuis toutes ces années en compagnie de son frère Lou Phelps et de plusieurs autres. Ce dernier était d’ailleurs sur scène pour aider son frangin à soulever une foule qui se délecte des intéressantes productions du DJ. Il en a profité pour envoyer des pièces originales et certaines de ses meilleures collaborations, dont All Night pour Chance the Rapper.
Le moment tant attendu est alors arrivé, la cloche n’a pas eu le temps de sonner que Kevin Parker, alias Tame Impala, entamait un spectacle cinématique électrisant avec Let it Happen. On le sait capable de bien des choses et il a de nouveau prouvé pourquoi tous s’arrachent ses idées de génie. Malheureusement, certains moments ont brimé sur le spectacle, alors que certaines de ses transitions laissaient à désirer, soit par souci sonore ou par des creux qui coupait certaines montées de la foule qui l’attendait depuis bien longtemps. Cependant, s’arrêter là serait une grosse erreur, puisque les effets visuels ont laissé parler la musique plus que le reste, offrant un spectacle à la hauteur de Parker qui jongle avec une palette sonore expérimentale qui se démarque et qui se vénère. L’énergie a d’ailleurs explosé dans foule à plusieurs occasions comme à Feel Like We Only Go Backwards et The Less I Know The Better, faisant oublier certains bémols sur lesquels on aurait pu accrocher.
La grande finale fut plus qu’à la hauteur de ce à quoi nous aurions pu nous attendre avec Childish Gambino. L’entrée remarquée de l’artiste sur un plateau au centre de la foule, ses discours et l’énergie qu’il dégageait autant sur scène que lors de ses nombreux bains de foule pour « capter l’énergie humaine » auront servi les intérêts de tout un chacun. Il y avait même des feux d’artifice. Clôturer le festival avec tel artiste, c’est de s’attendre à quelque chose de grandiose. Ce dernier aura d’ailleurs délivré la marchandise d’une éclatante façon, et pour ceux qui ne le connaissaient pas, il figure maintenant sur les playlists d’un peu tout le monde. Accompagné de danseurs, de choristes et d’un groupe qui l’aura fait briller, Gambino a joué ses plus gros succès de Because of the Internet et d’Awaken, My Love!, sans oublier This is America, rappelant au passage à son tour l’omniprésence de la chaleur estivale en jouant Feels Like Summer. Brillant Monsieur Gambino, brillant !