Critiques

Real Estate

Real Estate – In Mind

  • Domino Records
  • 2017
  • 45 minutes
8
Le meilleur de lca

Les gars de Real Estate m’ont toujours paru un peu inoffensifs. Cinq rockeurs doux et attachants, comme une portée de petits chatons. Des chatons qui font sortir de leurs guitares des mélodies ingénieuses. Leur 4e opus, In Mind, n’a pas changé mon avis sur leur rock. Real Estate fait de la musique qui accompagnerait sans problème la paresse d’un chat, ou d’un humain, étendu au soleil.

La bande originaire du New Jersey a subi des changements depuis 2014 : le guitariste Matt Mondanile, un membre fondateur, a été remplacé par Julian Lynch, tandis que le claviériste Matt Kallman retrouve le groupe. Des changements qui me semblent bénéfiques, dès la première écoute. In Mind propose une belle diversité de sonorités, tout en restant familier.

On entend dans Serve the Song les petits changements à la formule gagnante du groupe. Ça commence en douceur, comme d’habitude. Les guitares et la basse se répondent dans des hochements affirmatifs pendant que la batterie semble prendre une balade au parc avec son rythme subtilement présent. Puis, près de la fin, les guitaristes s’amusent franchement avec une distorsion. Ça l’en devient presque désagréable pour les standards de Real Estate… je dis bien presque, parce qu’ils clôturent avec de doux accords.

On suit donc les cinq rockeurs dans ce va-et-vient entre le connu et la surprise tout au long de leurs onze pièces. La boîte à rythmes avec ses sonorités eighties est un excellent ajout à la ballade d’amour After the Moon. Son petit côté yacht rock est kitsch à souhait. Loin de tomber dans la facilité, Real Estate arrive à créer des chansons qui s’imprègnent naturellement en nous. Un peu à la même manière d’un Kurt Vile ou d’un Beck durant sa Morning Phase. Les chansons se fondent sans effort dans le quotidien.

Courtney chante avec une précision désinvolte que personne n’échappe aux redondances hebdomadaires d’une vie tranquille. Il ne cache pas non plus son incompréhension face au calme chaos du temps qui se déroule sans éclats apparents, notamment dans Holding Patterns. Dans la même veine Same Sun renferme une métaphore superbe :

« When does one thing ever end and the next begin?/
Every day back then felt like a hyphen/
I do not wish to retrace the steps I’ve taken/
All that madness now is where I’m going »
– Same Sun

Les jours semblent être tous reliés par des traits d’union jusqu’à l’infini, affirme Courtney avec une pointe de résignation.

Au final, vaut mieux s’abandonner à l’enchaînement du temps plutôt que de tenter d’en trouver l’explication. Et c’est exactement ce que l’on devrait faire en écoutant In Mind. Se laisser bercer par les rythmes réguliers de ces gentils rockeurs, votre quotidien n’en sera que plus beau.

Ma note: 8/10

Real Estate
In Mind
Domino Records
45 minutes

http://www.realestatetheband.com/

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