Concerts

Jon Spencer and the HitMakers, Bloodshot Bill et Tha Retail Simps au Bar Le Ritz PDB, le vendredi 27 janvier 2023

Après une semaine enneigée, réussir à arracher l’auteur de ces lignes de sa tanière pour assister à un concert rock est un exploit que seule la présence de Jon Spencer peut justifier.

Accompagné par ses HitMakers, le vétéran, aujourd’hui âgé de 58 ans, était présent au Ritz PDB pour nous offrir l’essentiel des deux premiers albums de la formation, Spencer Gets It Lit (2022) et Spencer Sings the Hits! (2018). Compte-rendu de cette soirée à haut indice d’octane.

Tha Retail Simps

C’est la formation montréalaise qui avait l’honneur d’ouvrir la soirée. Mené par l’inharmonieux chanteur-guitariste Joe Chamandy, dont la voix peut passer d’un bêlement morveux à un hurlement exaspéré, Tha Retail Simps compte également sur une solide section rythmique. Le jeu du batteur, remémorant par moments celui de John Densmore des Doors, et les lignes de basse, étonnamment mélodiques, soutenaient efficacement les deux guitares volontairement délirantes. Les fans de rock garage « à la Sonics » et ceux qui affectionnent le mythique premier long format des Modern Lovers, devraient prêter l’oreille à ce groupe. Un concert qui mettait très bien la table pour l’arrivée de Bloodshot Bill.

Bloodshot Bill

Influencée par les pionniers du rockabilly, Charlie Feathers en tête de liste, la musique de Bloodshot Bill est, disons-le, une parfaite mise en bouche avant une prestation du bon Jon Spencer. C’est en format homme-orchestre, armé d’une guitare et d’une batterie rudimentaire, que l’homme a présenté ses chansons à un public plus ou moins attentif… Sur la basse scène du Ritz PDB, il était pratiquement impossible de voir l’homme interpréter avec passion son blues primal et, sans la puissance d’un groupe pour l’accompagner, Bloodshot Bill peinait à attirer l’attention. Cela dit, la musique crade et la voix « trachéotomique » du bonhomme s’écoutent très bien avec un double gin-tonic en main. À revoir dans de meilleures conditions.

Jon Spencer and the HitMakers

Formé après la dissolution du Blues Explosion, Jon Spencer and the HitMakers est une variation légèrement plus expérimentale de ce que proposait son véhicule sonore initial. L’élégant Spencer, toujours aussi énergique malgré la soixantaine qui approche, nous a offert une leçon de rock, rien de moins. Flanqué d’un percussionniste, d’un batteur tribal dont l’instrument n’incluait aucune cymbale, et d’un claviériste qui bonifiait le son bourdonnant de l’Américain, le rendu des pièces des deux albums susmentionnés était d’une précision chirurgicale.

En plein milieu du concert, le quatuor nous a administré un vacarme sonore qui, d’une certaine manière, donnait l’impression que Spencer et ses acolytes allaient conclure après seulement 45 minutes de jeu. En effet, le quatuor a étonnamment quitté la scène sous les applaudissements nourris du public, alimentant délibérément une certaine confusion, pour être de retour plus que jamais en mode rouleau compresseur.

La formation a conclu le concert avec une autre improvisation tapageuse qui puisait son inspiration d’un classique des Stooges, l’indémodable TV Eye. Et votre « vieux punk » préféré était très heureux d’entendre en version « live » ce subtil hommage à ce sport magnifiquement lent qu’est le baseball, titré Strike Three; pièce tirée de Spencer Gets It Lit.

Bref, fidèle à son habitude, le vétéran a mis le feu aux poudres avec une énergie qui force le respect. Jon Spencer and the HitMakers a offert tout simplement une performance sans bavure et surtout sans aucun compromis. Voilà qui démarre bien notre année de concerts… et qui conclut admirablement une semaine quelque peu éprouvante !

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