Critiques

Jon Spencer & The Hitmakers

Spencer Gets It Lit

  • In The Red Records
  • 2022
  • 41 minutes
7

« You’re talking ‘bout gold

But you’re selling trash »

– Junk Me

Si commercialement parlant le rock est mort et enterré, certains irréductibles persistent et signent. Depuis près de 30 ans, Jon Spencer fait partie de ces indécrottables rockeurs qui insufflent une bonne dose de plaisir et d’immoralité à un genre qui a perdu tous ses repères à force de vouloir fédérer le plus grand nombre. Âgé aujourd’hui de 57 ans, l’Américain est encore en pleine forme, semble-t-il.

En 2018, il nous proposait Spencer Sings the Hits ! (2018); un disque qui s’inspirait de la culture pop, mais qui était surtout caractérisé par un rock étrange, lascif et menaçant. Mais la sortie de ce long format a refroidi les ardeurs des purs et durs du Blues Explosion; le véhicule sonore principal qu’a employé Spencer au cours des trois dernières décennies. Une rumeur persistante voulant que le Jon Spencer Blues Explosion eût atteint sa date de péremption courait… racontar concrétisé par la sortie de ce nouveau long format. Les doutes sont maintenant dissipés.

Intitulé Spencer Gets It Lit, cet album est le deuxième chapitre dans la carrière du vétéran et de ses HITmakers. Fidèle à sa réputation, Spencer nous présente encore une fois un disque à la hauteur des attentes. Même si la bête de scène a déjà été plus explosive et inventive, le plaisir d’écoute d’un album signé Jon Spencer demeure intact.

Plus complexe que son prédécesseur, Spencer et ses accompagnateurs nous offrent une mixture d’électro-boogie, de rock psychédélique, en plus de nous plonger par moments dans une sorte de garage punk somme toute assez domestiqué, du moins pour celui qui connaît de fond en comble le répertoire de l’artiste. Spencer Gets It Lit pourra paraître déroutant au non-initié qui voudrait découvrir l’œuvre du rockeur. Or, au fil des écoutes, certaines chansons se dévoilent, balayant ainsi l’impression de chaos que l’on ressent à l’écoute des chansons tortueuses de Spencer.

Le premier extrait de ce nouvel album, Worm Town, reflète à la perfection le terrain de jeu dans lequel le vétéran et ses acolytes souhaitent nous escorter. Les percussions industrielles, la guitare fuzzée typiquement Spencer et les synthés interstellaires ont tôt fait de nous convaincre que l’homme a encore la pêche. Dans Get Up & Do It, la formation propose un clin d’œil réussi au rock ‘n’ roll des années 50. Death Rag met de l’avant un riff hypnotique influencé par le surf rock. Primary Boy aurait pu faire partie du répertoire du Blues Explosion. L’apport des synthés « orchestraux » dans Rotting Money confère à cette pièce une envergure étonnante… pour du Jon Spencer, bien entendu !

Sans être du même calibre que des albums comme Extra Width (1993), Orange (1994) et Acme (1998) — tous enregistrés avec le Blues Explosion — Spencer Gets It Lit est franchement divertissant. Un disque qui nous rappelle avec justesse que le rock n’a pas toujours besoin d’être intellectualisé à outrance pour être intéressant.

Le Jon Spencer Blues Explosion n’est plus. Vive Jon Spencer and the HITmakers !

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