Concerts

FME 2022 | Jour 3 : Larynx, Allô Fantôme, Animal Collective, Growlers Choir et Gros Mené

Après deux journées ponctuées de bons concerts, de franches camaraderies, avec tout ce que ça implique, la fatigue a bien sûr commencé à se manifester. Mais avec les années, la gestion de mon expérience festivalière s’est grandement améliorée… particulièrement en ce qui a trait à la portion hydratation. C’est dans une forme physique et mentale assez acceptable que je vous propose mon appréciation du jour 3 cette 20e édition du FME.

Jour 3

Larynx / Crédit : Louis Jalbert

Larynx et Allô Fantôme – Cabaret de la Dernière Chance

Larynx, c’est Alexandre Larin, guitariste et auteur-compositeur qui a accompagné des artistes comme Helena Deland et Lucill avant de nous présenter son projet solo inspiré du rock psychédélique des années 60 et 70. Conjuguant ces influences à un humour absurde évoquant par moments celui de la formation québécoise Chocolat, Larynx est une bien belle bébitte dans notre univers musical.

Démarrant sa prestation sur des chapeaux de roues avec Demain, j’parle à personne, pièce tirée de son deuxième album Applaudissez, bande de chameaux, Larynx préconise une approche plus rock en concert ce qui n’est pas pour me déplaire. J’ai même noté quelques sonorités comparables à cette formation-phare du « slacker rock » des années 90, Pavement. Compte tenu de la forte capacité d’attention qui caractérise notre époque, la clameur éclipsait la musique dans les moments plus tranquilles, mais bon, je m’y suis fait avec les années…

Tout au long du concert, Larin a discouru de manière décalée sur « la saison des chapeaux », en lien avec la température automnale qui sévissait hier à Rouyn. Ça s’est conclu avec le sourire avec un dernier morceau présenté moqueusement ainsi par Larynx : « On vous fait une dernière chanson et sachez qu’elle ne vous est pas adressée ». Drôle, excentrique et musicalement très efficace.

Par la suite, j’ai porté attention, le temps de quelques chansons, à la musique d’Allô Fantôme, formation qualifiée de « Foxygen québécois » par mon acolyte LP Labrèche. Inspiré par le rock orchestral des années 70, la formation menée par Samuel Gendron met l’accent sur des arrangements ambitieux et des progressions harmoniques recherchées.

Les demi-finalistes des Francouvertes, édition 2021, m’ont franchement épaté par leur précision et leur fluidité. Avec huit musiciens sur scène, intégrant flûte, saxophone et piano, Allô Fantôme présente un son ample en format live. J’ai même noté un penchant épique à la Springsteen sur certaines pièces. Quand le meneur de la formation aura pris un peu plus de galon vocalement parlant, Allô Fantôme pourrait en surprendre plus d’un.

Animal Collective – Scène Vidéotron

C’est avec curiosité que j’appréhendais la performance du collectif états-unien qui propose une musique à la frontière de la pop psychédélique et de la musique expérimentale d’avant-garde. L’approche d’Animal Collective inclut des mélodies accrocheuses, des harmonies vocales ensoleillées, de multiples couches de percussions et des sonorités synthétiques assez éclectiques. Or, l’un de mes espions m’avait mis en garde des concerts couci-couça offerts par le quatuor.

Eh bien, c’est exactement ce que nous a présenté Animal Collective sur l’une des scènes extérieures du FME. Le son flou et surtout le manque flagrant de charisme des membres de la formation — à part peut-être Panda Bear qui tentait tant bien que mal de stimuler ses acolytes — m’a forcé à quitter un peu avant la fin de la prestation… et je n’étais pas le seul, croyez-moi. En spectacle, les chansons expérimentales du quatuor ne servent que de fond sonore à une soirée qui se transformait lentement, mais sûrement, en un événement de réseautage psychédélique… Malheureusement, c’est dans le confort de mon salon que j’apprécierai dorénavant la musique du quatuor.

Growlers Choir / Crédit : Christian Leduc

Growlers Choir – stationnement de la ruelle Falco

Après la performance décevante d’Animal Collective, j’avais besoin d’un bon remontant. Quoi de mieux que d’assister à la prestation d’un chœur de « growlers » ? Growlers Choir est le seul et unique chœur de chanteurs métal au monde. L’ensemble vocal a récemment réussi à impressionner certains juges de la populaire émission America’s Got Talent.

Dans un instant hautement solennel — et un peu ampoulé, disons-le — une sorte de grand prêtre vêtu d’une cape noire a appelé ses ouailles à s’installer sur scène… et les grognements et hurlements se sont succédé comme si nous assistions à l’écoute d’une trame sonore de film d’horreur en temps réel. Même si la démarche peut paraître « cartoonesque », j’ai été émerveillé par le potentiel sonore de toutes ces voix réunies. Toutefois, pour apprécier pleinement les voix et la théâtralité du Growlers Choir, c’est dans une salle que l’ensemble aurait dû être programmé. À revoir dans de meilleures conditions.

Gros Mené – Cabaret de la Dernière Chance

Dix ans après Agnus Dei, le visqueux poisson de Fred Fortin remontait à la surface le printemps dernier avec la sortie de Pax et Bonum qui, encore une fois, nous a conforté dans notre régulière envie de se dégraisser les oreilles.

Pour ce concert au FME,  le bon Fortin, bien sûr escorté par son frère de son Olivier Langevin, s’était adjoint les services de deux accompagnateurs hautement compétents : Robbie Kuster à la batterie et Tonio Morin-Vargas aux synthés et autres éléments percussifs.

La dernière fois que j’avais vu la formation, c’était dans le cadre des Francos de Montréal il y a plusieurs années; une prestation précise, mais qui égarait le public dans ses trop nombreuses improvisations. Cette fois-ci, on a eu droit à une performance musicale rodée au quart de tour qui laissait une grande place aux chorus tout en gardant captif le public. Après tant d’années à galérer ensemble, il était émouvant de voir Langevin et Fortin communiquer musicalement avec autant de collégialité. De grands adulescents qui croient encore au pouvoir fédérateur et cathartique du rock.

Les meilleurs moments de ce spectacle à couper le souffle ? Impossible de résister au solo de guitare de Langevin dans L’amour dans l’ROCK.  J’ai également été flabbergasté par l’introduction tortueuse menant à Bonzai, pièce de Pax et Bonum. L’apparition du tonitruant Serge Brideau (Les Hôtesses d’Hilaire) dans le rôle du prêtre satanique — personnage central de la pièce Dabidou — qui, combiné à cette conclusion évoquant les délires psychédéliques de Raoul Duguay, m’a jeté à terre tant l’exécution était parfaite. J’ai quitté le Cabaret de la Dernière Chance avant le rappel sous les bons auspices de Vénus, autre pièce tirée d’Agnus Dei, en saluant Langevin qui s’apprêtait à remonter sur scène.

Un jour, on reconnaîtra l’apport musical inestimable de Fred Fortin et Olivier Langevin à l’histoire du rock québécois. Pour l’instant, les deux vétérans n’ont pas encore dit leur dernier mot pour le plus grand plaisir de l’auteur de ces lignes.

De retour demain avec mon compte-rendu du dernier jour de ma virée musicale à Rouyn-Noranda.

Crédit photo: Couverture : Louis Jalbert

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