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Festival de la chanson de Tadoussac 2022 – Jour 2 : Les chemins d’écriture, Édith Butler, Les Hay Babies, Diane Dufresne, Clay and Friends et Mononc’ Serge

Disons simplement que ma deuxième journée au festival de la chanson de Tadoussac s’est fait sous le signe de l’éclectisme. Retour sur les spectacles des Chemins d’écriture, Édith Butler, Les Hay Babies, Diane Dufresne, Clay and Friends et Mononc’ Serge.

Crédit : Philippe Ruel

Les chemins d’écriture

Comme la météo annonçait des conditions pas tout à fait idéales pour un spectacle à l’extérieur, le spectacle a été changé à la dernière minute de lieu. C’est donc avec un peu de retard que le spectacle des huit participant.es des Chemins d’écriture a commencé. On a ainsi pu découvrir les compositions sombres de Laurence Gauthier Brown (Victime), les chansons émouvantes de Foisy., celles senties de McLean, les mélodies aériennes de Sandrine St-Laurent, les morceaux bilingues en français et innu-aimun d’espoir de Kanen, l’humour de Cayenne, les performances incarnées d’Oli Féra et la proposition bipolaire (dans le sens de « Qui possède deux pôles » de la définition du Larousse) de THÉOPHILE.

Il y avait quelque chose d’émouvant de voir ces artistes présenter des chansons qu’ils viennent tout juste de créer. Il y a quelque chose de très authentique et très cru. Par exemple, McLean a éclaté en sanglot en pleine chanson, visiblement chamboulé par sa création. Les liens qui se créent entre les artistes suite à cette résidence de création sont aussi très beaux à voir. Il fallait voir Laurence Gauthier Brown devenir très émue en présentant Marc-Antoine Foisy ou encore Kanen être incapable de commencer sa performance, car elle est bouleversée par la performance de Sandrine St-Laurent qui passait avant elle.

Crédit : Jay Kearney

Édith Butler

Il faisait un temps superbe quand je suis sortie du spectacle des chemins d’écriture. J’avoue que j’avais davantage envie d’aller lire sur la plage que d’aller m’enfermer dans une salle de spectacle. Je me suis bottée le derrière comme on dit et je suis allée à la rencontre d’Édith Butler. Parfois, dans la vie, on prend d’excellentes décisions. Celle-ci en fait partie. Du haut de ses 80 ans, l’autrice-compositrice-interprète de Paquetville a donné tout un show! Elle a offert la totalité de son dernier album, Le tour du grand bois ainsi que quelques-uns de ses succès, dont évidemment Paquetville.

Entre chaque pièce, la musicienne offre ses réflexions avec beaucoup d’humour. Son histoire selon laquelle elle s’est fait frapper par une automobiliste à Montréal qui ne croyait pas qu’elle était Édith Butler me fait encore sourire quand j’y pense. Musicalement, on la sent aussi très solide. Elle joue de l’harmonica, de la guitare, joue de la planche à laver, du triangle et chante. C’est le genre d’artiste qui n’a pas besoin de courir partout sur une scène pour occuper l’espace entièrement. Honnêtement, si vous avez la chance de l’attraper en spectacle près de chez vous, n’hésitez pas!

Les Hay Babies

C’est dans des kits assortis rayés avec une blouse à froufrou orange que se sont présentée Julie Aubé, Katrine Noël et Vivianne Roy à Tadoussac. Avec leurs mouvements synchronisés, en plus de leur habillement, on se sentait propulsé vers les années 1960. Le groupe célèbre d’ailleurs ses 10 ans cette année. Disons que le Festival de la chanson de Tadoussac leur a donné un beau contexte pour fêter ça. Et la foule, qui semblait en vacances selon Les Hay Babies, leur a donné beaucoup d’amour en retour.

C’était la première fois que je voyais la formation en spectacle. Lorsqu’on lit un peu sur cette dernière, on lit souvent les mots « pétillantes » et « théâtrales » pour décrire ce que les trois musiciennes offrent comme spectacle. Disons simplement qu’elles n’ont pas fait mentir leur réputation. Leurs harmonies sont belles et bien mises en lumière, mais chacune a son moment pour briller en solo. Mention honorable à Vivanne Roy qui est une vraie bête de scène. Si elle n’en a pas l’air du premier abord, il faut la voir se lancer sur le dos en pleine performance pour le croire!

Crédit : Philippe Ruel

Diane Dufresne

Diane Dufresne est une icône, une grande de chez les grandes. Je ne vous apprends rien. C’est pourquoi, quand j’ai vu qu’elle offrait un spectacle au Festival de la chanson de Tadoussac, il était obligatoire que j’y aille. Elle présentait le spectacle Sur rendez-vous. Si d’aucuns sont déçus de l’entendre si peu chanter pendant ce spectacle, on se régale de ses anecdotes. C’est intéressant d’entendre une grande artiste, qui a une soixantaine d’années d’expérience, comme elle se dévoiler. Mon moment préféré est sans conteste lorsqu’elle a parlé de l’importance, pour elle, de ne pas tomber sur le pilote automatique lors de ses performances.

Par ses interventions et ses réponses, Diane Dufresne fait rire la foule. « Je te l’avais dit que c’était un show comique! », lance-t-elle à son pianiste Olivier Godin au tout début de la performance. Elle dialogue avec la foule comme on le ferait avec un vieil ami. Seul petit hic : elle incite les gens à lui parler directement, sans se déplacer au micro. Si l’artiste entend bien les questions, les gens assis plus loin n’ont pas toujours cette chance. Et comme elle ne répète pas toujours les questions, on est laissés dans une sorte de flou. Il s’agissait du troisième spectacle du duo, donc on s’imagine que ce genre de petits détails peuvent facilement s’arranger. Les échanges entre le public et Diane Dufresne, qui offre trois lectures sur trois thèmes distincts, sont pertinents et intéressants.

Crédit : Cloé Gagné

Clay and Friends

Changement de registre complet! En sortant du spectacle de Diane Dufresne, je me suis dirigée vers celui de Clay and Friends, où des centaines de personnes attendaient en file. C’était d’ailleurs un retour à la source pour le groupe, car comme on l’a appris pendant la performance de la bouche du chanteur : « Le Festival de la chanson c’est le premier festival qui a booké Clay and Friends. » Tout le monde réuni a bougé son thang comme s’il n’y avait pas de lendemain. La formation sait mettre de l’ambiance partout où elle passe. Leurs mélodies, leurs interventions et la complicité entre les membres du groupe font en sorte que chaque personne présente passe une excellente soirée.

Ce que j’aime énormément de Clay and Friends, c’est leur capacité à improviser. Dans certaines chansons, que la foule connaissait apparemment toute par cœur, Mike Clay s’amuse à changer des paroles. Ainsi, Léo Ferré de la pièce Gainsbourg devient Léo Fougères, mieux connu sous son nom d’artiste FouKi. Un changement qui fait sourire les gens attentifs. Un des meilleurs moments de leurs spectacles, c’est lorsque Mike Clay décide de faire un freestyle avec des mots donnés par le public. Chaque fois que je les ai vus en spectacle, ils l’ont fait. Cette fois-ci, les trois mots choisis par la foule étaient Valérie, pantin et caramel. Et comme à l’habitude, on peut dire défi relevé, à la fois pour le freestyle et à la fois pour l’excellente ambiance. Même la pluie, qui tombait de manière plus drue à la fin de la performance, n’a pas réussi à ternir le plaisir du public. Après tout, « ce n’est que de l’eau, camarade », comme le chante Clay and Friends dans la pièce du même titre.

Crédit : Cloé Gagné

Mononc’ Serge

J’ai terminé ma soirée avec Mononc’ Serge dans le sous-sol de l’église où j’avais précédemment vu Édith Butler et Diane Dufresne. La scène était décorée avec des planètes et d’autres éléments de l’espace, en référence au plus récent album de Mononc’ Serge, L’an 8000. Le musicien a d’ailleurs misé majoritairement sur les pièces tirées de cet opus paru à la fin de l’année dernière. Clairement, le public assez nombreux le connaît. Il est là pour passer une belle soirée et ça se sent. Des mosh pits se produisent littéralement lors de chaque chanson. Parfois, ça semble déborder un peu, et l’artiste n’hésite pas à ramener la foule à l’ordre. Notamment une personne qui s’apprêtait à faire du body surfing pendant qu’il parle. Serge Robert lui fait comprendre d’attendre que la chanson commence, mais avec humour, comme on le connait.

Parlant de ses interludes, Mononc’ Serge y va à fond avec la thématique de son album. Tout d’abord, il présente son groupe et lui-même comme étant des « crossmonautes ». Il pousse ensuite le concept d’espace et de galaxie à chacune de ses interventions. L’oncle le plus sympathique de la province a donné un spectacle énergique, le genre qui fait mal aux oreilles si on n’a pas de bouchon et qui devient la raison pour laquelle les employés d’une salle doivent absolument passer la moppe après pour ramasser les litres de bière renversés.

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