Critiques

Mononc' Serge

Mononc’ Serge – L’AN 8000

  • Les productions Serge
  • 2021
  • 37 minutes
7,5

Figure incontournable de la contre-culture québécoise depuis son premier album solo en 1997, Mononc’ Serge délaisse les chansons d’actualité et les attaques personnelles pour faire un état des lieux. Mais sans perdre de son mordant. 

Il est toujours hasardeux de trouver un fil conducteur dans tout album de l’oncle. Après tout, c’est quand même l’homme qui a écrit sur Sébastien Benoit, fait l’éloge du tabagisme et dénoncé les chanteurs soi-disant engagés, entre autres choses. Il semble tout même que les longs mois d’hibernation imposés en 2020 et 2021 ont confiné Serge Robert à un rôle d’observateur. Observateur de sa carrière et de la société en général. Avec un fort sentiment de résignation. 

Ce sont les premières pièces qui donnent le ton sur la vision que Mononc’ a de sa propre carrière et son public, encore une fois (voir Je chante pour les morons). En effet, l’hilarante Vendeur de bière ouvre le programme au son de la guitare vigoureuse de son compagnon de longue date Peter Paul. Criante de vérité, Mononc’ nous rappelle qu’il s’adresse essentiellement à un public de buveurs, chose qui fait vivre les bars et salles de spectacle partout en province. Triste constat, tout de même, sur l’industrie de la musique. 

Avec En van avec mon band et Ma niche, il expose encore une fois sa réalité d’artiste dans la marge. C’est toutefois avec la très belle chanson-titre de l’album que Mononc’ semble expliquer le feu créatif qui l’anime depuis plus de 25 ans. 

Que s’est que j’peux y faire, si l’monde préfère

insignifiance et l’éphémère

Moi j’écris à l’encre indélébile ce qu’on va chanter encore en l’AN 8000

– L’An 8000

En se gardant de viser quiconque, on comprend qu’il est préférable d’avoir une œuvre bâtie sur le long terme qu’à un succès rapide et vite oublié par le grand public. 

À noter aussi le bel hommage, écrit au deuxième degré, aux gens ayant choisi des carrières dans le domaine artistique avec Fier de mon cash

Reste que les autres moments bidonnants de l’album viennent des chansons où, de toute évidence, l’envie de changer la société n’y est plus. Avec Terroriste, Mononc’ Serge en vient à la conclusion qu’il est plus facile de prendre un bain moussant que de changer le cours de l’Histoire dans un bain de sang. Et que dire de la très poétiquement nommée J’m’en câlice? Dans un même ordre d’idée, Citoyen modèle vient nous rappeler que seul un cadavre peut aspirer à répondre aux dogmes de la perfection imposés par la société. 

Cela dit, quelques moments lèvent un peu moins et sont un peu plus oubliables. Dire du mal des gens est un exercice de style intéressant, mais qui ne passera pas à l’histoire. Tout comme La shop, bien que le riff de guitare soit intéressant.

Encore une fois, Mononc’ Serge démontre sa pertinence dans l’univers musical québécois sans toutefois se réinventer. Les fans qui ont aimé le son rock garage de Ça, c’est d’la femme! ou Serge blanc d’Amérique y trouveront leur compte assurément. 

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