Chroniques

Les albums de PJ Harvey classé du meilleur au pire (ou le moins meilleur)

C’est vraiment difficile de parler de pire quand on prend le temps de se plonger dans la discographie de PJ Harvey. C’est plutôt rare de voir une si grande constance dans la qualité des créations et le refus de faire du surplace artistiquement. Nous avons donc décidé de nous pencher en groupe sur la discographie de PJ Harvey en l’honneur de la sortie de I Inside the Old Year Dying. Voici le résultat.

Les collaborateurs ayant participé à ce sondage : Bruno Coulombe, Stéphane Deslauriers, Chloé Jara-Buteau, Louis-Philippe Labrèche, Charles Laplante, Sébastien Noreau, Mathieu Robitaille et Gabriel Vignola.

9 — Uh Huh Her (2004)

Uh Huh Her est un album particulier parce que PJ Harvey a décidé de tout enregistrer elle-même dans des studios maisons avec des 4-Tracks et 8-Tracks. C’est peut-être ce qui donne le fini si brut de l’album. C’est un changement de cap plutôt surprenant pour PJ Harvey qui avait lancé 4 ans plus tôt le célébré et beaucoup plus réalisé Stories from the City, Stories form the Sea. Même s’il est dernier sur cette liste, cet album vaut tout de même le détour. C’est PJ Harvey à son plus décapé où elle joue tous les instruments à l’exception de la batterie qui a été ajoutée par la suite par Rob Ellis. Selon la page Wikipédia de l’artiste, elle aurait dit que c’est son album le plus tendre. Nous divergeons respectueusement d’opinion avec PJ Harvey.

8 — The Hope Six Demolition Project (2016)

Pour cet album, PJ Harvey a voyagé en compagnie d’un photographe. Elle a donc visité le Kosovo, Washington et l’Afghanistan afin d’immortaliser la misère humaine. Le titre est une référence à un projet de rénovation urbaine états-unienne nommée HOPE VI. Encore une fois, elle désarçonne ses admirateurs, surtout celles et ceux qui avaient louangé le précédent effort, Let England Shake. The Hope Six Demolition est un long format militant qui n’atteint peut-être pas les hauts standards établis avec l’album susmentionné, mais ça demeure une création de calibre supérieur.

7 — White Chalk (2007)

Après avoir été du côté des sons bruts sur Uh Huh Her, PJ Harvey revient à un son plus réalisé en travaillant avec deux des collaborateurs qui sont très présents dans sa discographie : John Parish et Flood. C’est aussi une des premières fois que PJ Harvey explore le registre plus aigüe de sa voix comme elle le fera plus souvent par la suite dans sa carrière. À l’image de la pochette, il y a quelque chose de plutôt sombre dans White Chalk alors que la plupart des chansons d’abord composées au piano. On y trouve quand même de très belles pièces comme When Under Ether.

6 — Is This Desire? (1998)

Enregistré à Londres, Is This Desire? met en lumière les nombreuses personnalités empruntées par PJ Harvey dans ses chansons. Elle personnifie d’abord une prostituée en mal d’amour dans Angelene, une femme ayant une santé mentale défaillante dans My Beautiful Leah et une artiste en quête d’élévation spirituelle dans Joy. L’une des forces de cette création réside sans aucun doute dans l’apport important de la musique électronique. Un disque déstabilisant, mais qui, au fil des écoutes, prend tout son sens.

5 — Dry (1992)

Ce premier album rageur et percutant est rempli d’émotions inavouables pour une jeune femme alors âgée de 23 ans… surtout si on prend en considération l’époque à laquelle Dry a été conçu. De l’émouvante Oh My Lover, en passant par la puissante Joe et la splendide Water— pièce fielleuse portant sur les relations hautement inégalitaires entre hommes et femmes —, ce premier opus est la version brute et non polie de PJ Harvey. Un album trop mésestimé.

4 — To Bring You My Love (1995)

To Bring You My Love est un pivot important dans la carrière de PJ Harvey. Elle délaisse un peu l’agressivité de Rid of Me et Dry pour quelque chose d’un peu plus nuancé. Musicalement, elle se permet beaucoup plus de liberté. Peut-être que cela est dû notamment au fait que c’est réellement son premier album fait entièrement en solo où elle contrôle toutes les décisions. On retrouve deux choses qui marqueront de nombreuses créations de l’Anglaise : des références à la bible et des références à Shakespeare (notamment la pochette, une référence à Ophélie dans Hamlet). De plus, elle a écrit l’album dans une certaine isolation alors qu’elle avait acheté une maison pas très loin de chez ses parents dans l’Angleterre rurale. C’est aussi ici qu’elle commence à travailler avec Flood et John Parish.

3 — Rid of Me (1993)

Sur Rid of Me, PJ fait appel aux services du batteur Rob Ellis et du bassiste Steve Vaughn pour donner encore plus de tonus à ses chansons. Ce disque, enregistré par Steve Albini, poursuit sur la lancée de Dry, mais avec une violence sonore encore plus exacerbée. La pochette à elle seule résume assez bien ce que contient ce brûlot féministe : une tension érotique assumée, mais inquiétante, et un son râpeux. En fait, à l’époque, l’Anglaise se présentait comme l’équivalent féminin de Kurt Cobain. C’est vraiment un incontournable dans sa discographie.

2 — Stories from the City, Stories from the Sea (2000)

Stories from the City, Stories from the Sea est un album tout simplement magnifique. Puissant, inspirant, audacieux et terriblement mélodieux sont quelques qualificatifs qu’on peut lui donner sans gêne. D’ailleurs, il a valu à PJ Harvey son premier prix Mercury en 2001. On y retrouve une pièce entièrement chantée par Thom Yorke en plus de l’entendre jouer du clavier sur deux autres pièces. PJ Harvey poursuit sur la lancée de To Bring You My Love qui fait la place des textures sonores plus riches et qui enlève de l’agressivité dans son approche. C’est tout simplement délicieux de la première à la dernière note.

1 — Let England Shake (2011)

10 ans après son premier prix Mercury, PJ Harvey va refaire le coup avec Let England Shake, une œuvre puissante qui change de direction musicale par rapport à White Chalk. Ce sera la première à faire le coup. Ici, on est dans l’immense et le grandiose alors que PJ Harvey chante avec la voix aigüe qu’on avait déjà entendue sur l’album précédent, mais étant beaucoup plus dynamique. C’est un album tout simplement magnifique où la guerre et la vie se mêlent, comme sur le champ de bataille, avant d’être emportées toutes les deux par les mélodies intoxicantes de Polly Jean Harvey. Un grand, grand album.

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