Critiques

Drake

Scorpion

  • Cash Money Records / Republic Records / Young Money
  • 2018
  • 90 minutes
7

Drake revient avec Scorpion, un peu plus d’un an après la sortie More Life. Ce dernier était beaucoup mieux que l’indigeste Views l’année précédente. Avant la sortie de l’album, Drake avait fait paraître quelques chansons : God’s Plan et son vidéoclip qui avait marqué l’imaginaire. Drake y dispensait l’argent en sorte de Robin des bois de Toronto, avec les collants en moins. Puis, il a lancé Nice For What et son échantillonnage succulent, la sombre I’m Upset avant d’enchaîner le tout avec la beige In my Feelings qui semble courir après la réussite de Hold On We’re Going On sans la mélodie parfaite. Finalement, Don’t Matter to Me est encore une fois, une pièce faite sur mesure pour les radios de R&B contemporain, mais laisse un peu sur sa faim.

Par contre, Scorpion, dans son ensemble est loin d’être un échec. C’est un album qui compte sur plusieurs chansons fortes, dont 8 Out Of 10 et son imposante trame. Sa grande faiblesse est sa longueur. Il y a sur Scorpion des pièces qui auraient pu passer au tordeur. Particulièrement en deuxième moitié où les chansons de R&B quelconques se multiplient. Heureusement, lorsque Drake est dans sa zone, il nous fait oublier complètement ses moments de faiblesse.

La première partie est particulièrement efficace. Ça débute avec SurvivalDrake ne se gêne pas pour envoyer des piques à ses contemporains.

My Mount Rushmore is me with four different expressions
Who’s givin’ out this much return on investment?
After my run, man, how is that even a question?
After this summer, man, how is that even a—
I’ve had real Philly niggas try to write my endin’

– Survival

Une référence directe aux accusations de Meek Mill, comme quoi il utilisait des auteurs fantômes. Rumeurs qui se sont avérées exactes. Mais bon, la plupart des rappeurs font appel à des auteurs qui ne sont pas crédités. Ce n’est pas une situation unique ici. Pour les autres bons coups de l’album, Sandra’s Rose s’inspire du travail de West, Talk Up invite Jay-Z, l’un des rares collaborateurs officiels sur l’album. Mob Ties se débrouille plutôt bien et offre un trap de qualité. On y entend un échantillon d’une pièce de Nas avec The Firm.

Un Scorpion qui frappe la cible. Si Drake avait nettoyé la deuxième partie un peu, qui passe trop de temps à se vautrer dans un R&B beige et malhabile, ça aurait encore mieux passé. Parce que Drake n’est vraiment pas un chanteur exceptionnel. Il est à son meilleur lorsqu’il est arrogant et débite ses rimes avec assurance. Sans cette deuxième partie, on aurait probablement pu parler du meilleur de Drake ou à tout le moins un album qui approche des sommets d’If You’re Reading This It’s Too Late.

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