Critiques

Simon Kingsbury

Plaza

  • Ad Litteram
  • 2018
  • 30 minutes
7,5

Simon Kingsbury lance son deuxième album solo intitulé Plaza. Il avait fait déjà fait un bon coup avec Pêcher Rien qui se distanciait des sonorités usitées chez Lac Estion. Pour ce premier album, c’était les sonorités acoustiques qui dominaient sur le premier album. Voici que Kinsbury a retrouvé sa pédale de distorsion pour Plaza qui arrive à peine deux ans après la sortie du précédent.

Plaza avec ses guitares un peu plus bruyantes nous rappelle les années de Lac Estion, mais avec des chansons plus ramassées. Un autre changement qu’on remarque est dans les thématiques qui sont abordées. Après nous avoir chanté l’amour sous tous ses angles, Simon Kingsbury s’ouvre dorénavant sur ses peurs, ses amitiés et les lacérations qui restent parfois sur le cœur.

Tant que t’as pas vu

La face de ton docteur figé

Par la peur de t’annoncer

Que tu vas rester coucher icitte

— Tout est beau

Simon Kingsbury l’a raconté lors de son passage à Plaque Tournante. Il a attrapé une grave pneumonie qui lui a valu un épisode déplaisant à l’hôpital. Cette peur du personnel hospitalier pour sa vie lui a fait prendre conscience d’un certain nombre de questionnements qu’il ne s’était pas posé encore. Ou qu’il évacuait trop facilement. Couché dans un lit d’hôpital, il est beaucoup plus difficile d’éviter ces interrogations. Même si sur Tranquille, on sent l’angoisse qui reprend dans les moments sortis des vapes.

On retrouve à ses côtés des musiciens chevronnés avec qui la collaboration est de longue date : Jonathan Charette (ex-Groenland), Charles Blondeau (Maude Audet, Babylones, Mauveset Olivier Van Tassel. Leurs sonorités rock sont chaudes et entières. Un bel exemple est la troublante J’t’aime pareil qui cache à peine sa thématique du suicide :

Tu accélères et moi je pars

Devant ton plongeon sans faute

Je serai jamais capable de dire aux autres

Que t’as planté comme un clou

— J’t’aime pareil

On retrouve Simon Kingsbury qui a repris la forme et ça paraît. Tuer la bête nous aspire dans le filon de sa trame entraînante alors que le chanteur nous offre une mélodie dont lui seul a le secret. Kingsbury possède cette belle qualité pour un auteur-compositeur-interprète, ses mélodies vocales sont uniques. Personne ne peut chanter comme lui. Tout comme il ne chante comme personne. Une qualité qu’on retrouve tout aussi brillamment sur Plus sharp qu’un patin.

Plaza est une belle réussite pour Simon Kingbury. Ses textes ont gagné en maturité, sa pédale de distorsion est à « on » et il est prêt à nous dévoiler tout ça avec une bonne dose d’authenticité et de générosité. Plaza vaut le détour parce qu’un Simon Kingbury, il n’y en a qu’un!

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