Turbonegro
Rocknroll Machine
- Universal Music Group
- 2018
- 38 minutes
La formation « deathpunk » norvégienne Turbonegro roule sa bosse depuis 1989, et ce, malgré les quelques hiatus qui sont venus ralentir le rythme de production de la formation. En 2010, le charismatique chanteur – et visage emblématique de Turbonegro – Hank Von Helvete quittait le groupe pour être remplacé par l’ancien président du fan-club britannique : Tony Sylvester. C’est dans cette conjoncture mouvementée que paraissait, en 2012, le fort potable Sexual Harrassment; premier album avec Sylvester derrière le micro. Une agréable surprise et une performance étonnante de la part du nouveau chanteur.
Au cours des cinq dernières années, Turbonegro a ajouté un nouveau joueur à son alignement : le claviériste Haakon-Marius Pettersen. Le bonhomme est venu modifier sensiblement la mixture de hard-rock et de punk proposée par la formation. Voilà le 10e album studio des Norvégiens intitulé sans surprise Rocknroll Machine.
Et cette fois-ci, Turbonegro greffe à sa palette sonore des influences « synth-rock » tirées tout droit de l’époque « glorieuse » de Van Halen, période David Lee Roth, tout en gardant intact le penchant hard-rock à la AC/DC. Impossible de ne pas penser à Jump en écoutant Skinhead Rock&Roll. Le quintette s’est même adjoint les services de Steve Perry (Journey) pour composer John Carpenter Power Ballad… la pire pièce de l’album, il va sans dire.
Autre changement notable ? L’approche vocale de Sylvester qui est nettement plus domestiqué et mélodique que sur Sexual Harrassment. Exit les hurlements et la voix rocailleuse, laminant ainsi le dévernissage sonore qui a toujours défini Turbonegro depuis les tout débuts. Tous ces petits changements accumulés font de ce Rocknroll Machine un album aussi appréciable que détestable.
Appréciable quant à l’énergie déployée et les riffs matraques qui sont légions, mais détestable quant au virage synthétique proposé. L’entrée en matière The Rock and Roll Suite Part 1 : Chrome Ozone Creation évoque de manière malhabile les claviers de Giorgio Moroder et le clin d’œil à l’introduction de Won’t Get Fooled Again, un classique des Who, entendu dans Hot For Nietzsche, est un peu ridicule. Par contre, le « smoke pot » scandé par Sylvester dans On the Rag, calqué ironiquement sur le « Pol Pot » martelé par Jello Biafra dans Holiday in Cambodia des Dead Kennedys, fait franchement sourire.
Cela dit, Turbonegro n’a rien perdu de sa ferveur ni de son côté « pervers carnavelesque », même si je les préfère un peu plus malpropres. Si aux premières écoutes, on est surpris par le « nouveau son » exploré par les Norvégiens, cette approche agace un peu moins au fil des écoutes. Bref, la machine demeure toujours aussi bien huilée, ce qui augure pour le meilleur en concert : la raison de vivre, le pain et le beurre de Turbonegro.