Critiques

Tim Hecker and Daniel Lopatin

Instrumental Tourist

  • Software
  • 2012
  • 54 minutes
8
Le meilleur de lca

Tim Hecker n’est pas particulièrement connu pour ses collaborations. Il a fait de nombreux remixes et du travail de réalisation, mais à part un album avec Aidan Baker du duo Nadja, il a plutôt l’habitude de nous présenter la musique électronique expérimentale qu’il compose seul. Et on peut se fier à la qualité de cette musique comme on peut se fier au signal horaire du CNRC pour régler sa montre. Il était donc un peu surprenant d’apprendre en novembre qu’il participait à un album en collaboration avec Daniel Lopatin (alias Oneohtrix Point Never). Il s’agit du premier album d’une série de collaborations improvisées lancée par la maison de disques Software de Lopatin lui-même.

Lopatin s’est attiré des éloges avec Replica l’an dernier et Returnal en 2010, des albums où des vrombissements de vieux synthés sont empilés jusqu’au plafond, agrémentés de quelques échantillonnages. Personnellement, je ne suis pas un grand fan. Ses timbres sonores sont habituellement d’une beauté glaciale, mais l’absence quasi-totale de dynamisme fait penser au cliché new age du type qui s’est endormi sur son clavier.

L’approche improvisée d’Instrumental Tourist vient avec une petite faiblesse et une grande force. D’abord, la faiblesse: toute improvisation est inégale de nature. Si Hecker et Lopatin étaient de vieux partenaires, ils sauraient se lire et s’anticiper l’un l’autre, mais ce n’est pas le cas. Quand la sauce ne prend pas, comme dans les pistes GRM Blue I & II et Ritual For Consumption, on trouve le temps long.

La force, maintenant: cette collaboration révèle à quel point Hecker et Lopatin ont des sonorités complémentaires. Hecker est souvent un peu dense et difficile d’approche; Lopatin est souvent mièvre et manque d’un peu de mordant. La plupart des compositions ici, notamment Uptown Psychedelia, Intrusions, Grey Geisha et Vaccination No 2, offrent un bel équilibre entre la beauté lugubre de Lopatin et les assauts sonores de Hecker. Les progressions et les variations entre les deux styles sont parfois fluides, parfois brusques et subites, mais dans les deux cas l’effet peut être satisfaisant. Même une pièce moins équilibrée comme Vaccination (For Thomas Mann), clairement portée par Lopatin, arrive à charmer malgré un motif mélodique qui s’étire un peu en longueur.

Mon petit fantasme au sujet de cet album, c’est que les collaborateurs aient secrètement échangé leurs identités; que ce soit Hecker ici qui joue les textures molles, et que ce soit Lopatin qui vienne foutre un bruyant bordel. C’est peu probable, mais ça me fait ricaner dans mon coin.

Ma note : 8/10

Tim Hecker and Daniel Lopatin
Instrumental Tourist
Software
54 minutes

www.softwarelabel.net/release/instrumental-tourist

[youtube]http://youtu.be/5ARhSFAe8TA[/youtube]

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