Spoon
They Want My Soul
- Loma Vista Recordings / Republic Records
- 2014
- 38 minutes
2012. Divine Fits sort un premier album. À l’écoute de ce A Thing Called Divine Fits, deux inquiétudes nous gagnent:
1- L’arrivée dans le paysage musical de la formation composée de Dan Boeckner (Wolf Parade), Sam Brown (New Bomb Turks), Alex Fischel et, surtout, du chanteur Britt Daniel marquera-t-elle la fin de l’autre groupe de ce dernier, Spoon?
2- Est-ce possible que ledit Daniel ait, avec ce projet, atteint sa pleine satiété, musicalement parlant ?
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2014. Spoon sort son huitième album. À l’écoute de ce They Want My Soul, deux réponses se dessinent:
1- Le groupe d’Austin, Texas, n’est pas mort et prouve qu’il gagne en maturité, alors que l’arrivée du ci-haut mentionné Alex Fischel dans la formation – aux claviers et à la guitare – ajoute une intéressante touche pop vaporeuse.
2- Britt Daniel est en grande forme et y offre une performance magistrale: sa voix, de plus en plus éraillée, mais toujours aussi juste, placée à l’avant-scène, impose le tempo et trace la ligne directrice; ses textes dédiés aux amours amers et aux regrets possèdent une touche d’ironie bien ciblée, n’abusant pas de ce style délicat.
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La conception de They Want My Soul ne s’est cependant pas faite sans heurt. À la réalisation, et pour une première fois, le groupe a eu recours à de l’aide extérieure. D’abord, Joe Chiccarelli (Morrissey, The Strokes) a mis la table à la conception du disque, puis lui a succédé Dave Fridmann (Tame Impala, The Flaming Lips). Ce changement explique peut-être les différents courants exploités par Daniel et sa bande (…ou peut-être pas): du rock à la Rolling Stone (Rent I Pay, pièce d’ouverture), on passe à l’électro-pop (Inside Out, New York Kiss), au blues (I Just Don’t Understand), à la balade électrique (Knock Knock Knock), etc.
À l’écoute, on plonge allégrement dans des ritournelles conceptualisées et accessibles, alors que le rock saccadé au tempo précis et à la guitare nerveuse est toujours la force première de Spoon, bien heureusement!
Tout de même: cette nouvelle sonorité, émanant principalement du clavier et des percussions, s’attache au style musical du groupe avec facilité et tire même celui-ci vers de nouvelles contrées peu exploitées.
Si certains regretteront ce changement musical – majeur pour les admirateurs, mineur pour les autres – il est bon d’entendre Spoon se secouer les puces et s’actualiser. Le résultat est probant: pour notre part, ce disque prend place tout juste aux côtés du vénéré GaGaGaGa, opus par excellence du band.
Ma note: 8/10
Spoon
They Want My Soul
Loma Vista/Republic
38 minutes
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