Ryley Walker
Golden Sings That Have Been Sung
- Dead Oceans Records
- 2016
- 41 minutes
L’an dernier, vous dire à quel point la découverte du «folker» Ryley Walker m’avait conquis est un euphémisme. Le folk-jazz de Primrose Green, enregistré avec la crème des musiciens jazz de Chicago, m’avait carrément jeté sur le cul; une mixture de Pat Metheny et de folk rock tortueux. Un excellent disque. Walker était de retour vendredi dernier avec Golden Sings That Have Been Sung, disque réalisé par le claviériste-bidouilleur de Wilco, Leroy Bach.
Cette fois-ci, Walker arpente les chemins tracés par les Wilco, Grizzly Bear et Jim O’Rourke de ce monde. On est définitivement dans une ambiance dite «indie-rock» juste assez feutrée et légèrement abrasive. Évidemment, pour le mélomane qui connaît Walker, le changement n’est pas si drastique. On retrouve encore le jeu ébouriffé du guitariste, quoique l’exécution me semble un peu plus posée et «lousse» qu’à l’habitude.
Mais ce qui est mis en évidence sur ce nouvel album, c’est la voix de Walker. Sur ses précédents efforts, le chanteur se camouflait derrière le virtuose qu’il est, ce qui donnait l’impression qu’on avait affaire à un chanteur quelconque. Sur Golden Sings That Have Been Sung, on découvre Ryley Walker le mélodiste. Sur Sullen Mind, entre autres, on constate toute la profondeur et la solennité qui animent le chant de Walker.
La réalisation de Leroy Bach est limpide et met justement l’accent sur l’organe vocal du songwriter. Les arrangements sont subtils et de bon goût, laissant ainsi toute la place à l’interprétation de Walker… et c’est là que réside la grande surprise de ce disque. Normalement, je m’attendais à un disque «guitaristique» de haut niveau et c’est tout à fait le contraire qui se passe. Et ça prouve le talent créatif hors du commun de Walker, capable de laisser en plan sa virtuosité en se mettant au service de ses propres chansons.
C’est tout bon, du début à la fin. Grâce aux arrangements de cordes grinçantes, j’ai eu des frissons durant Funny Thing She Said. J’ai adoré le je-ne-sais-quoi de Mark Lanegan entendu dans Sullen Mind. D’entrée de jeu, Walker nous propose même sa meilleure chanson en carrière: The Halfwit In Me. Tout le talent de Walker est présent dans ce seul et même morceau. Et cette création se conclut avec cette valse dépouillée, linéaire, mais totalement captivante, qu’est Age Old Tale.
Conclusion? J’ai regretté un peu le jazz-rock de Primrose Green, mais à peine. Avec Golden Sings That Have Been Sung, Walker devrait élargir son bassin d’admirateurs tout en gardant intact son aura de crédibilité et de pertinence. À découvrir impérativement, si ce n’est déjà fait. Sinon, ce sera tout simplement le secret folk le mieux gardé en ville!
Ma note: 8/10
Ryley Walker
Golden Sings That Have Been Sung
Dead Oceans
41 minutes