Critiques

Grizzly Bear

Shields

  • Warp Records
  • 2012
  • 48 minutes
9
Le meilleur de lca

Assemblé en 2002 à New-York, le quatuor formé de Edward Droste (voix, claviers), Daniel Rossen (voix, guitares, claviers), Chris Taylor (basse, harmonies vocales, réalisation) et Christopher Bear (batterie, harmonies vocales), nommé Grizzly Bear, lançait la semaine dernière Shields; la suite du congratulé Veckatimest paru en 2009. Ce groupe américain «arty» crée ce qu’on peut appeler de la pop psychédélique, conciliant le folk à la musique expérimentale, mélangeant les instruments dits traditionnels à des éléments sonores électroniques. Suite au succès commercial et critique du précédent effort, que nous réserve Grizzly Bear avec ce Shields?

La réponse… Rien de moins qu’une autre conception sonore princière! De la grande pop cérébrale où la réalisation méticuleuse et baroquisante de Chris Taylor vient insuffler aux chansons labyrinthiques de Grizzly Bear, une gigantesque dose d’audace et de créativité. Par contre, un opus qui demandera un effort auditif accru de la part du mélomane, étant donné la complexité des compositions combinée à la richesse des arrangements présentés par le groupe.

Des mouvements mélodiques méandreux, des rythmes tribaux appuyés, des guitares acoustiques/électriques duveteuses et abrasives, des pianos et claviers apportant chaleur et réconfort à l’ensemble, et finalement, une magnifique réalisation qui magnifie les nombreux moments musicaux idylliques qui chapeautent ce Shields, et ce, malgré le caractère assez intellectualisant de la musique des new-yorkais. Bref, du grand art!

Shields ne comporte pratiquement aucun moment de réelle anémie. De l’excellent motif de guitare fiévreux dans Sleeping Ute, en passant par le crescendo euphorisant de Speak In Rounds, suivi de la folk-pop titrée Yet Again, de même que les accords dissonants de The Hunt, ajouté à la tribal A Simple Answer, vous avez déjà dans les oreilles des chansons remarquables. Si vous joignez les orchestrations feutrées animant What’s Wrong et le chef-d’œuvre que constitue la frissonnante et foisonnante Half-Gate (une des plus importantes ritournelles du corpus chansonnier de Grizzly Bear) à ce superbe portrait, vous venez de passer de l’étape d’une excellente création à celle d’un grand disque!

Un album à la fois doux et tendu, tendre et rugueux, lumineux et tribal! Rares sont les albums, où tous ces qualificatifs sont réunis dans une seule et même œuvre; et Grizzly Bear, qui nous avait fait le coup avec Veckatimest, revient à la charge avec une offrande d’égale envergure comparativement à la précédente. Du coup, Grizzly Bear s’approche manifestement du statut de grand groupe! Un présent audacieux, élaboré sans aucune autre prétention que de faire de la bonne musique. Un couronnement entièrement mérité!

Ma note : 9/10

Grizzly Bear
Shields
Warp Records
48 minutes

grizzly-bear.net/

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