Eddie Paul
Panda-Monium
- Emery Street Records
- 2015
- 37 minutes
En 2013, un ovni musical faisait son apparition dans le petit monde aseptisé du pop-rock québécois. Son nom? Seb Black. Le songwriter nous avait gratifiés d’un excellent On Emery Street; un disque touffu, explorant plusieurs genres musicaux (souvent au sein de la même chanson), mais qui curieusement détenait une ligne directrice claire. J’ai rencontré la bébitte dans le cadre de la chronique Raconte-moi ton disque et je dois avouer que j’ai apprécié au plus haut point la vision artistique expansive de ce créateur.
La semaine dernière, c’est son fidèle accompagnateur, le guitariste Eddie Paul, qui lançait son premier album titré Panda-Monium… sous la férule de Seb Black bien sûr. Si Black aime bien incorporer des éléments rythmiques issus du hip-hop dans sa musique, avec Paul, on est résolument dans le rock, même si on y entend la touche Black à la réalisation. Sur Panda-Monium, on alterne entre des morceaux blues-rock aux effluves country et des moments inspirés de l’acid rock des années 70. Pas d’inquiétude, c’est loin d’être passéiste, car la réalisation de Black ramène constamment les pendules en 2015.
Panda-Monium respire les longues nuits alcoolisées où se côtoient filles de joie, bars glauques, histoires de cœurs brisés et excès de toutes sortes. Loin d’être étonnant quand on connaît la réputation sulfureuse de ces musiciens qui vivent la vie rock’n’roll à fond la caisse. Ces gars-là ne sont pas très forts sur le compromis et c’est parfait comme ça! Si Black puise ses influences vocales chez Tom Waits, Paul possède un je-ne-sais-quoi qui fait penser au meneur de la formation britannique Arctic Monkeys: Alex Turner. Un flegme mélodique qui accentue l’effet salopé de sa musique.
Honnêtement, tout ce qui entoure Black mérite qu’on s’y attarde. Pourquoi? Parce qu’on y entend une certaine insubordination quant au format pop-rock radiophonique actuel. L’album de Paul se positionne à la limite acceptable du rock mercantile FM. Du même souffle, le tandem est assez brillant pour piger à gauche et à droite dans des ascendants dits champ gauche qui permettent à la musique de demeurer pertinente. En ce qui me concerne, de réussir à jouer sur les deux pôles sans trébucher, ça constitue tout un exploit… qui me donne envie de les suivre longtemps.
C’est bon du début à la fin. Parmi les ritournelles prisées? La bleusy Life Is Sweet, l’enjouée Cocaine (petit côté Hot For Teachers de Van Halen qui m’a fait sourire), le folk country fédérateur Dig A Hole, le penchant «cajun 2015» entendu dans Dog Days, la pop/tex-mex Cold Old Coffee, le punk-rock Shut The Fuck Up And Dance et le folk lendemain de veille Glory Case. Pas plus compliqué que ça!
Sans être un grand disque, ce Panda-Monium vient prouver une fois pour toutes que la bande à Black est là pour rester. Avec persévérance, abnégation et patience, il n’y a aucun doute dans mon esprit qu’Eddie Paul (au même titre que Seb Black) fera sa marque tôt ou tard. Bien chanceux sont ceux qui assistent à cette lente, mais assurée ascension. Maudit bon disque de pop-rock!
Ma note: 7/10
Eddie Paul
Panda-Monium
Emery Street Records
37 minutes
https://www.facebook.com/eddiepaulqc/
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