Concerts

Osheaga 2024 | No Waves, Lola Young, Sofia Kourtesis, Denzel Curry, Brittany Howard et T-Pain

En cette seconde journée de Osheaga, c’est un mélange de découvertes et d’artistes bien établis qui foulaient les scènes de ce bondé festival présenté chaque année dans le Parc Jean-Drapeau. Alors qu’en musique ce fut une réussite avec notamment la présence de Brittany Howard et de Denzel Curry, il faut dire que le festival a été gourmand dans son nombre de festivaliers alors qu’il fallait être plus que patient pour mettre un pied devant l’autre, voire pour un peu tout.

No Waves

Le jeune trio énergique montréalais No Waves, lequel s’immisce dans l’univers du surf punk, voire de la musique emo rock DIY qu’on entend dans un coming of age, nous a servi une bonne dose de leur musique aux paroles simples et efficaces. De leur côté, ce style préconisé n’est pas une roue réinventée plus qu’une suite de ce que nos tympans connaissent déjà. Sur une grosse scène, les voix des membres, dont on reconnaît surtout celle du batteur Sam Sussman et du guitariste Angel Parra Vela (le trio est complété par le bassiste Cyril Harvin Musgni), ont semblé manquer de gallon autant dans le volume que dans le délivré total. C’est donc surtout leur attitude désinvolte sur les bords et leurs mélodies qui ont permis d’agrémenter l’expérience. C’est somme toute une découverte intéressante, à voir pour la suite.

Lola Young

Est-ce que les noms de Nick Shymansky et de Nick Hugget vous disent quelque chose ? Et bien, que ce soit ou non le cas, sachez que d’un côté, Shymansky avait juré de ne plus être gérant d’artiste à nouveau depuis Amy Winehouse, mais le voilà de retour avec une nouvelle protégée, la jeune sensation anglaise Lola Young. Du côté de Hugget, c’est lui qui a signé Adele. Les deux Nick travaillent dans l’équipe de Young et, sans mettre de pression, certaines et certains ont dressé un intéressant parallèle entre la chanteuse de 23 ans et ces deux icônes de la musique. Par contre, bien que emballé à cette idée, la partageant un brin à quelques moments, je dois dire que Lola Young a plus que des croûtes à manger pour s’élever ainsi. Je dis cela, mais la première chose qu’on devrait avancer, c’est, est-ce que Young cherche à leur ressembler? Et bien, la réponse, je ne la connais pas. Mais ce que je sais, c’est que son attitude, ses paroles crues et personnelles ainsi que ses compositions RnB ont une fibre captivante, une fibre qui prend en feutre et en textures si l’on se penche sur son plus récent EP Messy, lequel vient tout juste de paraître. Ce qu’on retient d’ailleurs de ce spectacle, c’est que Lola Young (et ses musiciens) a définitivement élargi sa base de fans en y présentant des trames comme Messy, Fuck, Big Brown Eyes et Wish You Were Dead. Je vous avoue, la dernière mentionnée est subjectivement celle que je vous recommande.

Sofia Kourtesis

Du côté de la DJ péruvienne Sofia Kourtesis, c’est tout un programme qu’elle nous a réservé alors que, pendant plus d’une heure, la house, la deep house, la transe et la tech house, pour n’en nommer que les principaux genres, ont fait vibrer les tympans et dandiner les pattes de plusieurs. Il faut dire, ce n’est pas moi le plus grand connaisseur de la musique électronique, me voyant plus comme un appréciateur curieux qui adore prendre au passage des recommandations venant d’amis et de gens qui s’y connaissent. Au sujet de cette expérience musicale, je peux dire que Kourtesis a préparé un ensemble à la hauteur de ce à quoi on pouvait s’attendre, c’est-à-dire un set dynamique, lumineux et parfois contemplatif, lequel se mariait parfaitement à la journée caniculaire. Bien que certains moments ont paru génériques, pour la majeure partie, ce fut varié et intrigant. Pour ma part, cette prestation a élargi mes horizons, me donnant envie d’en connaître davantage sur cet univers. Une bonne chose, non ?

Denzel Curry

La veille de son passage à Montréal, le rappeur originaire de la Floride Denzel Curry a fait paraître son plus récent long jeu King Of The Mischievous South Vol. 2. Je dois dire que j’aurais bien aimé assister à l’entièreté de son spectacle question de m’immiscer totalement dans cet univers trap rap aux productions chaudes et bouncy, mais il m’a fallu faire un choix et puisque j’ai l’impression qu’il reviendra avant Brittany Howard, vous devinerez que j’ai dû quitter peu après le début puisque marcher d’un bout à l’autre du site prend la moitié d’un spectacle. J’ai tout de même eu le temps de constater la puissance énergétique de sa prestation alors que ce dernier (et son DJ) savent comment animer une foule, que ce soit en la faisant participer question d’enrichir les chansons ou tout simplement en mettant de l’huile sur le feu avec des sons qui donnent envie de bouger dans tous les sens. Il y a aussi le fait que le rap rapide de Curry est véritablement bien maîtrisé, ce qui donne le goût de s’impliquer encore plus dans la fête.

Brittany Howard

Arrivé tout juste à temps pour quelques compositions de Brittany Howard, il faut dire que la course vers sa direction en aura valu la peine. La chanteuse et guitariste américaine originaire de l’Alabama, autrefois membre du défunt groupe Alabama Shakes, accompagnée de plusieurs musiciennes et musiciens dont deux choristes, a illuminé l’âme des festivaliers avec de chaleureuses textures RnB dont plusieurs émanent de son plus récent disque What Now paru plus tôt cette année. Ce qui est à retenir, c’est ce côté quasi spirituel, groovy, engagé et rassembleur qui se dégage de l’aura et des mots de la compositrice tout comme la prestance des gens qui étaient sur scène avec elle. Le calme y règne même lorsque des compositions plus rythmées prennent place. On retient notamment Earth Sign, Prove It To You et Power To Undo.

T-Pain

Pour ma part, la soirée s’est conclue avec une empreinte des plus nostalgiques alors que le rappeur T- Pain était de passage à Montréal. C’est en le voyant en spectacle que je me dis plusieurs choses. D’abord, ça fait du bien d’entendre un peu de soul dans sa voix, lui qui est forcément connu pour saupoudrer généreusement sa voix d’un classique Autotune. Autrement, sans se dire amateur de T-Pain, je réalise que ce dernier a fait partie d’une large poignée de ce que l’on pourrait considérer des bangers, voire des chansons qui ont marqué tout une génération, voire plus d’une. Je ne saurais dire que sa prestation a été intéressante plus que, faute d’un meilleur mot, nostalgique, puisque les compositions pop et hip-hop de son répertoire ne sont, avec du recul, pas particulièrement riches. Ce à quoi les milliers de festivaliers présents à son spectacle ont eu droit, c’est un énorme mashup de toutes ces chansons passées à la radio ou mis dans nos MP3 et Ipod Nano. Je parle ici, sans toutes les nommer, de : Bartender, All I Do Is Win, Buy U A Drank, 5 O’Clock, Can’t Believe It, Low, Kiss Kiss… Bref vous voyez que le manège n’a pas de fin.

Crédit photo: Alexanne Brisson

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