Critiques

Public Service Broadcasting

Bright Magic

  • Play It Again Sam
  • 2021
  • 46 minutes
7,5

Fondé en 2009 par J. Willgoose Esq. (guitares, échantillonnages et synthés), Public Service Broadcasting est devenu un groupe à part entière quand son acolyte, Wrigglesworth (percussions, piano, bricolages électroniques), s’est joint à lui dès le premier long format intitulé Inform-Educate-Entertain (2013). Employant des échantillonnages tirés de publicités, d’archives sonores et d’enregistrements propagandistes et en arrêtant son regard sur l’histoire de la civilisation occidentale, le désormais quatuor tente toujours de tirer des leçons du passé, même si l’humain réécrit souvent le même récit…

En 2015, avec la parution de The Race for Space, les Londoniens nous retrempaient dans la Guerre froide qui sévissait à l’époque entre les États-Unis, les alliés du bloc de l’Ouest (URSS) et les états satellites du bloc de l’Est (Albanie, Allemagne de l’Est, etc.). D’une manière étonnamment dynamique, Every Valley (2017) nous plongeait dans les abysses des mines de charbon. De milliers de travailleurs anglais y ont laissé leurs vies à une époque pas si lointaine.

Enregistré au légendaire Honsa Tonstudio, Public Service Broadcasting nous convie cette fois-ci à un périple dans l’histoire de la musique populaire allemande, mais aussi à une sorte de parcours déambulatoire au cœur de cette vibrante métropole culturelle qu’est Berlin. Ce studio est un lieu dans lequel des artistes comme U2, Depeche Mode et David Bowie ont enregistré des albums légendaires ; Achtung Baby (U2) et la trilogie berlinoise de Bowie (Low, Heroes et Lodger), pour ne nommer que ceux-là.

En parfait équilibre entre les ascendants industriels de l’époque et ceux d’aujourd’hui, tout en préservant le style musical coutumier de la formation — de l’électro-rock fertilisé d’échantillonnages — Bright Magic est divisé en trois parties plus ou moins distinctes : Building a City, Building a Myth et Bright Magic. Au-delà de ces considérations narratives, Public Service Broadcasting nous propose leur album le moins linéaire et le plus expérimental de leur discographie.

Bright Magic démarre avec la minimaliste Der Sumpf (Sinfonie der Großstadt) qui, en conclusion, mise sur un subtil crescendo ressemblant à une envolée spatiale. Dans Der Rhythmus der Maschinen, Public Service Broadcasting exhibe son profil industriel et ce n’est pas étranger à l’apport d’un invité de marque : Blixa Bargeld, le meneur d’Einsturzende Neubauten. Les folles nuits berlinoises sont magnifiquement évoquées dans People, Let’s Dance. Les admirateurs de Depeche Mode seront comblés. En fin de parcours, le triplé Lichtspiel combine avec fluidité le rock, l’électro et la musique ambiante. Pour sa part, la conclusive Inch und die Stadt met en vedette l’actrice allemande Nina Hoss qui expose avec franchise sa relation amour-haine avec Berlin.

Or, c’est avec Blue Heaven — chanson qui inclut la participation de la musicienne Andreya Casablanca (Gurr) — que Public Service Broadcasting frappe un grand coup. Inspirés par la vie de l’icône germanique Marlene Dietrich et l’immense succès de la chanteuse Nena (99 Luftballons), les Anglais nous offrent un vrai hit rock comme il s’en conçoit que trop rarement. Une réussite sur toute la ligne !

Au fil des écoutes, Bright Magic prend tout son sens. Si vous êtes en mesure de vous visualiser en mode « vagabondage » dans les rues de la capitale allemande, vous y trouverez votre compte. Et si un jour les déplacements internationaux reprennent vie avec plus de constance, ce disque sera un impératif à ajouter dans vos listes d’écoute de voyage.

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