Critiques

Sóley

Ask The Deep

  • Morr Music
  • 2015
  • 37 minutes
8
Le meilleur de lca

soleyPetit bijou de pop que ce Ask The Deep, le plus récent album de l’Islandaise Sóley. L’effort de trente-sept minutes s’écoute à répétition, question de découvrir toutes les subtilités des arrangements musicaux. «Follow me down/And deeper/It’s even deeper/Than our heart», voilà le canevas des paroles de l’album: creuser plus loin que les apparences, aller rejoindre les recoins grouillants de vie obscure, parce que: «It’s never sunny/Anyway».

Des relents de Timber Timbre et de leur ambiance glauque se retrouvent dans Ask The Deep, un album où parfois on croit en une jolie comptine alors qu’on raconte plutôt le fait divers de l’enterrement vivant d’un homme au Brésil. Juste les titres témoignent de cet aspect noir de l’album: Halloween, Devil, I Will Never, Lost Ship… Pourtant, le piano et ses trilles viennent plutôt ajouter un brin de fantaisie, de féérie même, à l’album.

La formation musicale de Sóley Stefánsdóttir en piano classique se fait ressentir dans les pièces, les claviers ayant la belle part, sans les dominer autant qu’avec les précédents albums (We Sink en 2011) et maxis (Theater Island en 2010 et Krómantík en 2014). La pièce Ævintýr dégage un souffle prenant, un refrain accrocheur où les harmonies vocales ne sont pas sans rappeler la délicieuse voix de Raphaelle Standell-Preston (Braids, Blue Hawaii): «You must face your fairytales». Les percussions de cette pièce rappellent la signature rythmique de Lykke Li.

Avec la pièce Dreamers, on est dans une pop plus conventionnelle où la parenté avec Beach House ou Camaromance s’établit facilement. Certaines pièces semblent plus incantatoires que mélodiques, comme I Will Never, la pièce la plus sombre, avec beaucoup d’écho et de «disto», avec un refrain comme: «I will never/ever/ever/ever/ever/be alone».

L’album se clôt avec Lost Ship, une ballade inquiétante chantée avec la voix ingénue de Sóley où les tourments se délient, où l’espoir revient et où le monstre est tué: «My Devil/My Master/If I let you go/I’ll be my master/Without your control/[…] If I kill you now/I never loved you».

Qu’est-ce qui fait qu’on retourne et qu’on retourne à Ask The Deep? D’abord, l’album s’ouvre et se termine sur les mêmes effets, ce qui fait qu’on peut laisser la boucle se poursuivre jusqu’à l’ennui. Ensuite, l’album agit en subtilité, bien ficelé, magnifique. Vraiment, un bijou de pop, surprenant.

Ma note: 8/10

Sóley
Ask The Deep
Morr Music
37 minutes

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