Critiques

Julie Blanche

Julie Blanche

  • Coyote Records
  • 2015
  • 40 minutes
8
Le meilleur de lca

Julie BlancheAprès m’être délecté de son premier EP, j’attendais patiemment le premier album complet de la belle Julie Blanche, figure marquante des dernières Francouvertes, ayant terminé en deuxième position. Pour ce premier album, elle a pris son temps. Concocté avec une brochette d’artistes talentueux (Mark Lawson, Pietro Amato et Stefan Schneider, entre autres), le défi de Julie était, en grande partie, de se défaire de la présence de l’auteur-compositeur-interprète, le grand Antoine Corriveau, son partenaire, qui signe la grande partie des textes et musique de ce premier opus. Plus facile à dire qu’à faire, j’en conviens. Pour les fans de l’auteur-compositeur-interprète, on reconnaîtra rapidement son écriture, son style, sa plume. Néanmoins, les chansons de cet album, si bien incarnées par Julie Blanche, se révèlent autrement que du «Corriveau chanté par une fille». Oui, le paysage sonore est familier, mais Julie Blanche s’approprie ces chansons et ses textes d’une façon subtile, honnête et personnelle.

Avec le premier extrait, Deux visages, qui ouvre doucement cet opus, le ton est donné. Le rythme est lent, mélancolique et spacieux, sa voix douce, franche et honnête. «Je laisserai les autres parler de toi, ils ont tellement à dire/Il est beaucoup plus grand que moi, le goût du souvenir», chante-t-elle sur Le Manège, la chanson qui se rapprocherait peut-être le plus de l’univers d’Antoine Corriveau. Pour les fans de la première heure, vous serez heureux de retrouver les pièces qui étaient parues sur son premier EP, nouvellement enregistrées pour l’occasion, avec de subtils nouveaux arrangements. En milieu de parcours, avec entre autres les pièces Les Amours Immobiles, Le désert et La vie facile (écrite par Stéphane Lafleur d’Avec pas d’casque), Julie Blanche prend un second souffle et trouve un peu d’espoir et de lumière. Étendu sur dix pièces, on peut voir ce premier opus comme un exutoire de l’artiste contre les mauvais présages, les histoires de couples qui prennent des débarques, qui essaient de se relever et qui se coupent en deux. Ça parle de l’amour, celui qui passe croche à travers de la gorge, celui qui va tranquillement. Julie Blanche le disque, ce sont des chansons-ruisseaux qui se faufilent tranquillement, qui feront tranquillement fondre la glace, jusqu’à atteindre notre coeur et y fabriquer un fleuve où on veut volontiers naviguer. Ce sont des images fortes et des textes d’une limpidité à couper le souffle.

Comme l’amour, Julie Blanche demande un certain investissement de la part de l’auditeur, du temps pour s’approprier ces pièces. Elle ne commande pas un travail acharné pour s’apprivoiser l’album, mais elle demande toutefois qu’on s’asseye, et qu’on prenne le temps. Pour vrai. Pour ceux qui verront dans cet album un lac triste et monotone et qui ne prendront pas cette pause, ils perdront tout de la beauté diaphane de ce premier album. Réalisé de main de maître par Mathieu Charbonneau, Julie Blanche est un très bel album, personnel et vraiment bien écrit.

Ma note: 8/10

Julie Blanche
Julie Blanche
Coyote Records
40 minutes

http://www.julie-blanche.com

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