Critiques

Filthy Friends

Invitation

  • Kill Rock Stars
  • 2017
  • 38 minutes
4,5

Dans la vie, un des véritables plaisirs, c’est de faire la musique avec ses amis, sans avoir la prétention d’en faire une carrière ou d’épater les fines bouches. Pour l’avoir fait à quelques occasions, en réinterprétant quelques « vieilles moppes » issues du répertoire punk, je dois avouer que c’est franchement amusant.

C’est donc dans cet esprit bon enfant que s’est formé Filthy Friends. Les « filthy friends » sont configurés autour de Corin Tucker, de la formation punk rock féminine Sleater-Kinney et du guitariste Peter Buck, des légendaires R.E.M. S’ajoutent à ce duo, les Kurt Bloch (The Fastbacks, Minus 5), Scott McCaughey (Minus 5, R.E.M.) et Bill Rieflin (King Crimson, R.E.M.); tous des musiciens respectés provenant de la côte ouest-américaine.

En 2016, ces vétérans ont lancé une première chanson : Despierta. Une entrée en matière correcte, quoiqu’un peu convenue, et c’est vendredi dernier que paraissait le premier album de ce prétendu « supergroupe ». Et ça donne quoi ? Pas grand-chose d’intéressant et il fallait s’y attendre. C’est ce que ça donne quand on veut faire de la musique dans le seul but d’avoir du gros fun entre chums. Sur le plan relationnel, je respecte parfaitement la démarche, mais dans ces circonstances, pourquoi avoir fait paraître une création contenant autant de chansons bâclées ?

En plus d’être parfaitement de marbre à l’écoute de toutes ces inutiles pièces, j’ai eu l’impression d’être catapulté en 1991, en pleine période de désoeuvrement personnel. Il n’y a aucun désir de modernité dans la musique des Filthy Friends. Il n’y a absolument rien de « filthy » dans la musique du groupe. Pour tout dire, Tucker sonne comme une Nancy Wilson (Heart) sans énergie. Peter Buck fait du Peter Buck classique, rien de plus, rien de moins. Les chansons sont franchement pépères et les mélodies, totalement pop-rock, sont banals et campés dans une époque révolue.

Bien sûr, ça plaira à quelques têtes blanches vautrées dans le bon vieux temps. Je sais. Je fais partie du public cible, mais même si mon corps m’envoie quelques messages douloureux, je refuse obstinément de sombrer dans une nostalgie conventionnelle. Je comprends le vieillissement du corps. Un peu moins celui de l’esprit…

Très peu de chansons passent la rampe. Pour un morceau dynamique comme The Arrival ou la très Pixies nommée Brother, on y entend des inepties comme le blues rock, quasi Shania Twain, intitulé Come Back Shelley et la sous R.E.M. titrée Faded Afterward. Pour ce qui est du reste, je vous laisse le soin de juger par vous-mêmes, mais en ce qui me concerne, ce disque est plus soporifique que le plus puissant des somnifères.

Le nostalgique de la vieille époque « alt-rock » de la fin des années 80, début 90, pourrait y trouver son compte à quelques occasions… sans plus. Morale de l’histoire ? Ce qui est créé dans le sous-sol, sans aucune espèce de prétention ou envie de dépassement, doit rester dans le sous-sol !

Ma note: 4,5/10

Filthy Friends
Invitation
Kill Rock Stars
38 minutes

http://www.killrockstars.com/artists/filthy-friends