Chroniques

Entrevue avec The Zombies

C’est rare qu’on ait le privilège de s’entretenir avec une légende toujours vivante. Rod Argent et son groupe The Zombies ont atteint ce statut. Nous avons eu la chance de nous entretenir au téléphone avec ce dernier pendant que le groupe mettait la touche finale à son spectacle au New Jersey.

Le groupe qui a révolutionné le rock psychédélique dans les années 60 n’a pas eu une carrière typique. Après de nombreux essais à percer, la formation enregistre un ultime album : Odessey and Oracle. À sa sortie, le succès n’est toujours pas au rendez-vous et la bande décide qu’il est temps de passer à autre chose. « À mon souvenir, ça fait quand même quelques années, je pense que Chris (White, bassiste et autre compositeur du groupe avec Argent) se sentait comme moi. Nous sentions que la séparation s’en venait et nous étions désespérés d’enregistrer un album de la manière que nous pensions que les chansons devaient s’écouter. Nous étions frustrés par la sitedemo.cauction des simples que nous avions fait paraître auparavant. Ce n’était pas comme ça que nous voulions sonner. Après l’enregistrement, nous étions très satisfaits du résultat, mais les simples n’ont pas marché et nous nous sommes séparés. C’était une décision financière, parce que les autres dans le groupe qui n’avait pas écrit de chansons ne recevaient aucune rémunération, c’était intenable. » Il n’y a pas de grogne dans le groupe simplement de la déception. Ce n’est que quelques mois plus tard que Time of the Season fera un tabac aux États-Unis.

Le groupe n’était pas au courant à ce moment que leurs simples fonctionnaient partout à travers la planète. « Dans ce temps-là, vous ne l’appreniez tout simplement pas. Nous n’avons donc pas capitalisé sur ça. » L’internet a tout changé pour les groupes qui maintenant peuvent savoir où leur musique fonctionne. « Tu peux avoir un succès au Pôle Nord et le savoir dans l’heure. » S’ils avaient su que les choses allaient si bien pour eux, ils ne se seraient pas séparés. « Il n’y avait pas de tension entre les membres du groupe. C’est pourquoi aujourd’hui nous jouons toujours ensemble et nous avons du plaisir. Nous nous entendions bien dans le temps et nous nous entendons toujours bien aujourd’hui. Voilà pourquoi nous tournons toujours ensemble. »

Depuis 2004, le groupe est de retour en bonne due forme et tourne un peu partout à travers la planète. Bien sûr, il joue les pièces de leur album mythique paru il y a 49 ans, mais aussi des chansons des quatre albums parus depuis le début des années 90. Cette tournée sera la dernière chance d’écouter l’album en version live. « Nous sommes au Canada et aux États-Unis pour deux mois et nous tournons avec tous les membres vivants du groupe, en incluant ceux qui en font maintenant partie. Cela nous permet de jouer chacune des notes de l’album de a à z. Ça fait 50 ans que nous avons enregistré l’album à Abbey Road. Nous nous sommes dit, on est très fier de l’album et on pense toujours qu’il s’écoute bien, mais nous ne voulons pas passer le reste de nos vies à le jouer et à regarder en arrière. Nous nous sommes dit que nous ferions un blitz à travers le Canada, les États-Unis, l’Angleterre, les festivals européens puis nous allions tracer une ligne. »

Rares sont les albums qui réussissent à traverser le temps et toujours être écoutés 50 ans après leur création. Odessey and Oracle fait partie d’une classe sélecte d’albums en compagnie de Pipers at the Gates of Dawn de Pink Floyd qui traverse le temps et continue d’attirer l’attention de nouvelles générations de mélomanes. « Deux ou trois des dernières entrevues que nous avons faites sont avec des journalistes qui sont au début de la vingtaine. C’est surprenant de voir que ça peut encore résonner chez les générations présentes. On a dû faire quelque chose de la bonne façon. »

Plus récemment, Argent s’est trouvé à discuter avec Graham Nash (Crosby, Stills & Nash) et les deux hommes n’en reviennent pas que 50 ans plus tard, ils ont toujours envie de composer des chansons et qu’ils ont encore du plaisir à jouer celles qu’ils ont écrites il y a près d’un demi-siècle. Il faut dire que The Zombies ont fait leurs premiers pas dans une période faste pour la musique anglaise. Ce sont les années 60 des Beatles et The Kinks. « C’était un temps très excitant pour un musicien puisque les frontières de la pop étaient abattues et nous étions très libres de composer comme nous l’entendions. Le public était beaucoup plus réceptif aussi à l’époque. Aujourd’hui tout est compartimenté et marginalisé lorsqu’on fait des expériences sonores. »

Le succès s’est peut-être fait attendre pour le groupe, mais ils reçoivent enfin la reconnaissance qui leur revient : « Still Got The Hunger s’est classé parmi le Billboard 100, ce qui est incroyable! » Le groupe joue maintenant devant des foules impressionnantes et continue de composer de la musique et d’enregistrer comme à l’époque. Le tout en ayant les moyens nécessaires pour faire de la musique comme ils le veulent. Ils seront de passage au National le 1er avril et croyez-nous, ce n’est pas un poisson d’avril.

http://www.evenko.ca/fr/evenements/11779/the-zombies/l-imperial/04-01-2017