Critiques

Duke Garwood

Heavy Love

  • Heavenly Recordings
  • 2015
  • 40 minutes
7,5

HVNLP111CD_PACKSHOT_1416408088_crop_550x550-400x400Le multi-instrumentiste anglais (très proche d’un des chouchous de LCA: Mark Lanegan) fait paraître cette semaine Heavy Love. Le musicien/réalisateur détient à son actif quelques albums solos, dont le «grower» Black Pudding concocté avec Lanegan; un disque hypnotique/désertique qui se bonifie au fil des auditions. En 2011, Garwood avait également conçu Dreamboatsafari. Fait à noter, le guitariste est apparu sur deux albums de ses comparses britanniques: la formation rock Archie Bronson Outfit.

Alors, sur ce Heavy Love, Garwood garde le cap en proposant une création de blues rock intimiste, narcotique, aussi mystérieuse qu’enfumée, qui chevauche parfaitement l’univers musical de l’ami Lanegan. Voilà un superbe album pour rouler la nuit en direction de nulle part avec sa douce endormie à ses côtés ou encore à écouter lors d’une fin de soirée brumeuse, bien arrosée, agrémentée de douces substances… Pas besoin de vous dire que ce disque est un impératif pour les amateurs du genre!

Garwood effectue un travail guitaristique d’exception, y allant de salves contrôlées, de larsens jouissifs, mais toute en retenue, nous laissant avec ce sentiment d’être ensorcelé par une musique assise à cheval entre l’ésotérique et le sublime. Vocalement, l’Anglais est adéquat, sans être transcendant… et c’est ce qui constitue l’unique bémol de ce Heavy Love. Pour un fan de Lanegan, d’entendre Garwood pasticher les inflexions vocales de son camarade sonore a de quoi déranger un tantinet. Rien qui vient amenuiser l’évaluation positive de ce disque. Cependant, sans cet écart, la note octroyée aurait pu être encore plus élevée.

En deuxième partie, à partir de Snake Man, ce Heavy Love s’aventure dans des contrées plus rythmées et du même souffle, Garwood change de tonalité, sitedemo.caiguant des mélodies vocales s’éloignant quelque peu de l’ascendant Lanegan. L’approche vocale crédibilise encore plus la démarche musicale de Garwood, lui octroyant un peu plus de personnalité et d’authenticité et on apprécie davantage ce Heavy Love. Combiné au jeu de guitare raffiné de l’instrumentiste (un lien de parenté avec Steve Gunn), vous aurez dans les oreilles un album de luxe.

Cette création blues rock de poteux renferme de magnifiques instants musicaux remplis de plénitude. On pense au motif de guitare arpégée de toute beauté sur lequel s’appuie Burning Seas ainsi qu’au fox-trot sensuel occulte sur lequel Jehnny Beth (Savages) vient dompter Garwood à la voix (morceau qui respire le sexe à plein nez!). On fait aussi référence à la mixture guitare acoustique et orgue entendue sur Sweet Wine ainsi qu’aux guitares faussement approximatives, évoquant le dernier repos, sur Hawaiian Death Song; pièce qui transporte l’auditeur en apesanteur.

Garwood, Lanegan, Johannes, toute cette ribambelle de «blues rockers» sous anesthésiants, sont tout simplement inaptes au ratage créatif. Ce Heavy Love est un opus focalisé sur les aptitudes de guitariste et d’arrangeur de Duke Garwood. Si vous passez par-dessus les similitudes avec l’organe vocal de Mark Lanegan, vous devriez vous délecter de ce périple… avec la promesse/tentation d’y revenir aussi souvent que possible.

Ma note: 7,5/10

Duke Garwood
Heavy Love
Heavenly Records
40 minutes

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