Critiques

White Denim

Stiff

  • Downtown Records
  • 2016
  • 36 minutes
7

White DenimEn 2013, la formation indie-rock White Denim faisait paraître l’excellent Corsicana Lemonade sur lequel le vénéré Jeff Tweedy (Wilco) donnait un coup de main à la réalisation. Et ça paraissait, croyez-moi. Originaire d’Austin, Texas, le groupe s’affaire depuis 2008 à nous proposer un rock référentiel agrémenté de soul, de psychédélisme, et parfois même de prog-rock. White Denim est toujours d’une fiabilité hors pair, présentant des disques remplis de conviction, d’une intégrité absolue et d’une virtuosité indéniable.

Le quatuor était de retour la semaine dernière avec Stiff; une création colligée en direct en studio avec l’aide d’Ethan Johns (Ryan Adams, Laura Marling, Ray LaMontagne, etc.) derrière la console. White Denim désirait épurer sa musique de tous les artifices techniques dont il faisait souvent preuve sur les parutions précédentes. On assiste donc à un retour aux proverbiales sources en s’abreuvant de rock sudiste des années 70, ajoutant par moments quelques ascendants soul/psychédéliques à sa palette sonore. Et ça rentre au poste!

Stiff est nettement plus accessible et cohérent que les précédents efforts et certains mélomanes pourraient y déceler un lien de filiation avec ce que conçoivent les Black Keys… et sachez que je m’oppose à cette comparaison, car ce disque est plus vivant, dynamique, et surtout moins «réalisé» que les plus récents albums du duo Auerbach/Carney. Voilà un travail que l’on pourrait qualifier de «drette dans ta face», qui ne s’enfarge pas inutilement dans une intellectualisation outrancière. Parfois, c’est tout ce que ça prend pour satisfaire un amateur de rock.

On pense bien sûr à Wilco, époque Being There (en plus nerveux), aux Byrds (en ce qui a trait aux harmonies vocales) et aux maîtres du «southern rock», les Allman Brothers. De vieilles références qui ont été habilement digérées par White Denim. Sans être un chef-d’œuvre, Stiff est un album qui met en relief toutes les aptitudes techniques de White Denim, et ce, dans un enrobage sonore élémentaire.

Pas réellement de morceaux faiblards au compteur, même si l’intermède soul situé à mi-parcours, regroupant Take It Easy (Ever After Lasting Love) et (I’m The One) Big Big Fun, fait office de coït interrompu. Parmi les réussites, je note le trio explosif Had 2 Know (Personal), Ha Ha Ha Ha (Yeah) et Holda You (I’m Psycho) qui sert d’efficace entrée en matière de ce Stiff. Les Real Deal Momma, Mirrored In Reverse et Thank You constituent une excellente façon de conclure ce disque bourré de riffs matraques.

Quand on réfléchit au fait que cette création fut mise en boîte en direct, ça en dit assez long sur les immenses aptitudes musicales de White Denim. Juste pour cette raison, je conseille à l’amateur de rock de prêter l’oreille à ce disque. Une performance irréprochable et un groupe qui a eu l’humilité d’en beurrer moins épais. Stiff est un disque élaboré sans aucune autre prétention que de brasser la baraque intelligemment.

Ma note: 7,5/10

White Denim
Stiff
Downtown Records
36 minutes

http://www.whitedenimmusic.com/

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