Critiques

Laura Marling

Short Movie

  • EMI Records / Virgin Records
  • 2015
  • 51 minutes
8
Le meilleur de lca

Laura MarlingUn cinquième album déjà pour la douée instrumentiste folk âgée de 25 ans seulement. Laura Marling détient déjà à son compte un corpus chansonnier que bien des vétérans envieraient. L’artiste n’a carrément aucun échec au compteur. Elle est de retour cette semaine avec un autre album sous le bras intitulé Short Movie. Le précédent, Once I Was An Eagle, avait été sélectionné sur la courte liste du prix Mercury tout comme ses parutions antérieures par ailleurs

La genèse de ce Short Movie? Laura Marling déménage à Los Angeles et s’imprègne de l’énergie de la métropole afin d’écrire les chansons à paraître sur son prochain effort. Elle entre en studio, collige ses chansons, mais insatisfaite du résultat, la musicienne balance aux poubelles son travail et décide de retourner à la table à dessin. Réalisée par la chansonnière elle-même (avec l’aide de Dan Cox et Matt Ingram), elle retourne en studio, accompagnée en partie par son groupe de tournée.

Et ça donne? Un foutu bon disque (encore une énième fois) qui allie bien entendu le folk «Joni Mitchell» qu’elle a toujours sitedemo.caigué à cette dégaine flegmatique, un peu désinvolte, qui plaît bien à votre vieux vaurien de service. Toujours ce jeu de guitare assez Jimmy Page, mais surtout (mais surtout!), Marling s’éloigne de son style habituel en incorporant à son œuvre du rock, évoquant la grande dame britannique PJ Harvey, des arrangements de cordes ainsi que des moments dylanesques.

Le côté verbeux de l’auteur sacre le camp afin de faire place à une narration moins touffue, plus simple. Elle présente de courtes, mais percutantes vignettes systématiquement inspirées du mode de vie américain avec en arrière-plan les relations tordues, intenses, néanmoins belles, qu’elle entretient avec les hommes de sa vie. Short Movie est un album qui va droit au but, qui évite l’ambition un peu pompeuse de Once I Was An Eagle. Et c’est précisément pour cette raison que cet opus est son meilleur en carrière… du moins en ce qui nous concerne.

Short Movie regorge de magnifiques moments sur lesquels on a envie de nous replonger sans cesse. Que dire de l’ascendant PJ Harvey qui habite False Hope, la mi-chantée, mi-parlée Strange, le rock Don’t Let Me Bring You Down, le folk très Dylan titré Easy de même que la pièce de résistance de ce petit bijou d’album, la pièce titre, Short Movie. Petite digression? Gurdjieff’s Daughter qui n’est pas un mauvais morceau. C’est juste que la ressemblance avec Sultans Of Swing de Dire Straits est franchement trop évidente… mais bon, ça n’enlève rien au résultat d’ensemble.

Après un cinquième exploit, Laura Marling confirme qu’elle sera bel et bien dans le paysage musical pour y rester. Faudra s’y faire, car à un si jeune âge, elle nous offrira assurément d’excellentes conceptions sonores à se mettre dans les oreilles. Bien entendu, il y aura d’autres aventures moins concluantes, mais après un quart de siècle d’existence, elle a déjà une carrière complètement persuasive. C’est tout bon.

Ma note: 8/10

Laura Marling
Short Movie
Virgin/EMI
51 minutes

http://www.lauramarling.com

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