Critiques

of Montreal

Innocence Reaches

  • Polyvinyl Records
  • 2016
  • 57 minutes
7,5

of MontrealKevin Barnes est le génie psychédélique fou derrière of Montreal. Depuis la fin des années 90, il s’évertue à nous proposer des albums qui tirent dans tous les sens, mais qui détiennent une forte consonance garage rock aux influences très Beach Boys/Beatles. En 2013, il nous avait gratifiés d’un très bon Lousy With Sylvianbriar, campé entre glam rock et folk, suivi d’un Auretate Gloom (2015) nettement moins intéressant. Cela dit, of Montreal aime garder les mélomanes sur le qui-vive et c’est ce qui fait que j’ai toujours un intérêt pour la musique de Barnes.

Innocence Reaches paraissait la semaine dernière et cette fois-ci, le bonhomme demeure toujours en amour avec le psychédélisme des années 60, mais of Montreal bifurque vers une direction qui amalgame le funk, le disco, l’indie-pop et l’EDM. Et vous savez quoi? Ce changement de paradigme va à ravir à Barnes.

Le rock coutumier d’of Montreal est toujours présent, mais s’ajoute à cela un paquet de chansons dont les ascendants sont aisément identifiables. J’ai pensé autant à Arca qu’au bien-aimé Ariel Pink. Naturellement, on se fait tirer l’oreille dans toutes les directions, mais on demeure captivé du début à la fin, ne sachant pas à quoi s’attendre d’une chanson à l’autre.

Enregistré en catimini dans l’appartement parisien d’un ami, Barnes a puisé son inspiration dans des moments difficiles vécus récemment (un divorce avec sa compagne de longue date entre autres). Innocence Reaches évoque musicalement les hauts et les bas de cette trajectoire, comportant des moments aussi lumineux que tragiques.

Les mélodies spleenétiques, les morceaux futuristes/synthétiques et le pop-rock garage psychédélique se côtoient efficacement et forment un patchwork sonore des plus intéressants. Certains pourraient y déceler un manque de cohésion, mais il n’y a aucun doute dans mon esprit que les habitués du travail de Barnes seront conquis. Bref, of Montreal a encore de l’essence dans le réservoir!

Le disque regorge de bonnes chansons. La très Syd Barrett titrée Chaos Appregiating, l’électro-pop Let’s Relate, le rock stonien Gratuitous Abysses, la très glam rock Les chants de Maldoror, la très Arca intitulée Trashed Exes ainsi que la funk-disco Ambassador Bridge font partie des réussites de ce disque plus que convenable.

À l’écoute de ce nouvel album, on se dit que c’est peut-être le début d’une période créative faste pour of Montreal. Si c’était le cas, on pourrait être mis K.-O. par une prochaine aventure musicale gracieuseté de Kevin Barnes. Aucune crainte à y avoir. C’est du très très bon of Montreal.

Ma note: 7,5/10

of Montreal
Innocence Reaches
Polyvinyl Records
57 minutes

http://www.ofmontreal.net/