Critiques

Camaromance

Chasing Clouds

  • Simone Records
  • 2018
  • 36 minutes
7,5

C’est une rencontre particulière à laquelle nous invite Martine Groulx sur son troisième album présenté sous l’alias Camaromance et paru en avril dernier. Sur ce nouvel album, les chansons portent pour la plupart un prénom. C’est une série de deuils qui a permis à l’auteur de se remettre à l’écriture; elle qui avait mis de côté son projet musical pour gérer d’autres projets musicaux avec le label Lazy at Work (Galaxie, Fuudge). Chasing Clouds, c’est le bilan personnel de son auteur, à l’aube de la quarantaine : deuil, maladie, solitude, petite dépression, histoires de cœur qui foutent le camp, tout y est. On imagine bien l’auteure en volonté d’expier ses démons à travers ses chansons.

Musicalement, c’est plus riche que les précédents opus. La réalisation et les arrangements signés par Pierre Fortin soulèvent la prose du quotidien mélancolique de Groulx et les emmènent dans un endroit entre la contemplation, la solitude, la tristesse et l’anxiété. On lui doit aussi les pièces d’ouverture et de fermeture de l’album, qui elles, ne portent pas de prénom, Moon et Stars.

Tout au long de l’album, la voix de Martine est mise en évidence, en mode confidence. Marguerite, avec ces somptueux arrangements de corde nous escorte vers ces nouvelles personnes-chansons. Il y a aussi Audrey, le premier extrait de l’album, peut-être la chanson la plus rock du disque, avec son solo de guitare bluesy. Il y a aussi Koro, qui se rapproche du folk rassembleur de Groenland ou Of Monsters and Men, avec son air bon enfant et ses claviers scintillants. Mention spéciale à Martine, écrite par Francis Faubert, qui est une sacrée claque sur la gueule. Je ne comprends toujours pas comment Groulx a fait pour la chanter sans flancher – ou comment elle fera pour la chanter en spectacle.

« tous les hommes sont partis
tout l’monde veut quitter mon lit
l’alarme sonne, ça fait au moins dix ans 
que j’pardonne, que j’pardonne
la mort et les absents
oh girls c’matin j’ai pas d’fun »

– Martine

Sans savoir si ces chansons se veulent une sorte de lettre ouverte à ces personnes ou des récits intimes inspirés par cesdits personnages, on assiste à des rendez-vous doux-amers. Et comme un humain ne dévoile pas toutes les facettes de sa personnalité, on découvre Chasing Clouds à force de le revisiter, un peu comme un nouvel ami qu’on a découvert dernièrement et qu’on apprend à aimer à force de le côtoyer. Après de telles chansons, on espère que les nuages ont laissé place au soleil dans la vie de son auteure.