Critiques

Black Mountain

IV

  • Jagjaguwar Records
  • 2016
  • 57 minutes
8
Le meilleur de lca

Black MountainS’il y a un groupe canadien qui vaut vraiment la peine, c’est sans contredit le quintette vancouvérois Black Mountain. Rassemblée autour du compositeur émérite Stephen McBean et de la chanteuse Amber Webber, la formation est complétée par Brad Truax (Interpol), Jeremy Schmidt et Joshua Wells. Il n’y a aucune parution vraiment faiblarde dans la discographie de Black Mountain. 6 ans après le tonitruant Wilderness Heart (disque sélectionné sur la longue liste du prix Polaris 2011), voilà IV, réalisé par Randall Dunn.

Si Black Mountain emprunte souvent les sentiers balisés par le rock des années 70, la bande réussit toujours à incorporer à sa musique des éléments sonores modernes qui l’empêchent de sombrer dans la désuétude. Cette fois-ci, McBean et ses acolytes repoussent leurs propres limites en laissant quelque peu en plan le penchant plus «heavy» de leur son. Ne vous en faites pas, ça ne disparaît pas complètement.

Avec l’aide de Dunn qui y va d’une réalisation limpide/explosive, Black Mountain bifurque vers un space-folk-rock psychédélique, insère des pulsations électroniques et des claviers d’ambiance qui bonifient grandement la proposition. Ça donne un disque parfaitement à cheval entre le passé et la modernité.

La mixture et l’alternance des voix de McBean et Webber, les claviers narcotiques/hypnotiques, les rythmes électros subtilement introduits à l’ensemble ainsi que les crescendos cathartiques dans les longues pièces, font de ce IV un album qui détient une personnalité forte. Même si parfois, Black Mountain pousse ses chansons à la limite d’un rock théâtral un peu pompeux (je fais référence à (Over And Over) The Chain), le groupe demeure pertinent en tout temps.

IV est une création éclectique et variée qui demeure cohérente et le travail de Randall Dunn n’est pas étranger à cet état de fait. Ça s’écoute du début à la fin sans interruption tant le périple est agréable. Et j’ai eu un faible pour l’épique Mother Of The Sun (un hard rock aux accents stoner ponctué de moments vaporeux), l’électro-rock You Can Dream, le rock carré (cloche à vache en sus) Constellations, le folk-rock de poteux frémissant Line Them All Up, le petit penchant Bowie/The Cure entendu dans Cemetery Breeding de même que la prenante Crucify Me. Et ça se conclut sur la Pink Floyd-esque Space To Bakersfield.

Quand on fait référence à un album indie-rock aussi accessible que significatif, qui brasse autant la cage qu’il envoûte, ce IV de Black Mountain fait la job pas à peu près. Vous voyez? J’ai beau être de moins en moins captivé par ce que propose le rock indépendant, il existe encore des artistes qui refusent le surplace tout en demeurant fidèles au credo de ce genre musical. Rien à redire. Un autre bon album au compteur pour Black Mountain.

Ma note: 8/10

Black Mountain
IV
Jagjaguwar
57 minutes

http://www.jagjaguwar.com/artist.php?name=blackmountain

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